I want you to want me.

Fichu réveil. Fichus cours. Je ne sais même pas pourquoi je me lève aussi tôt. Avoir un métier, un avenir? Pour quoi faire? J'ai déjà des parents riches, mon avenir est tout tracé. Argh. Je suppose que je voulais leur faire plaisir, leur donner l'impression de faire quelque chose de ma vie. Mais franchement, des études de droit? Quelle idée. Vous me voyez dans un costard, avocat?
Douche, peignoir, fringues, petit déjeuner. Le rituel de mes matins de cours. J'enchaine soupir sur soupir. Brossage minutieux de mes dents et je suis enfin prêt à sortir, un sac en bandoulière sur l'épaule. Bah oui, je fais au moins semblant de pas être un touriste ici.
En quelques rapides enjambées, j'arrive sur le campus où je salue quelques camarades. Les bises claquent sur les joues des filles tandis que les mains claquent sur celles des garçons. Rien de plus normal, rien de plus habituel et aussi rien de plus lassant. J'ai besoin de quelque chose qui me donnera l'impression d'être vivant. Un objectif, un but dans ma vie. N'importe quoi! N'importe quoi, tant que je ne verrais plus le temps passer.
Abandonnant toutes mes connaissances de la fac, je m'engouffre dans les couloirs de l'université, direction mon casier. En faisant mon code, je sens une main se plaquer amicalement dans mon dos. Un Delta Kappa en droit, dans ma classe. Un ami. « Hey Harrington, qu'est-ce que tu fais là?! On a pas cours ce matin. » Pendant un quart de seconde, je fus surpris. Mais en voyant mon pote s'éloigner, un sentiment bien plus inquiétant m'envahit. Rageusement, j'ouvre mon casier et y donne un petit coup. Je fulmine. Si seulement j'avais su m'en rappeler! Ça m'apprendra à me mettre la tête à l'envers aussi souvent, au final, j'ai le cerveau d'une capacité intellectuelle égale à celle d'une passoire. Je n'allais pas retourner dans ma chambre quand même. Je pourrais trainer avec les Delta... Ça me changerait les idées.
Un peu plus calme, je pose mon sac dans mon casier. Je n'allais plus en avoir besoin maintenant, je reviendrais le récupérer après le déjeuner. Complétement serein désormais, je referme mon casier avant de tomber nez à nez avec une petite blonde qui entreprend la même chose que moi, à savoir : refermer son casier. Un petit frisson pas désagréable me parcourt. Jolie blonde. Une fille que je n'ai même pas déjà fréquenté. C'est exactement ce qu'il me fallait. Me sentir vivant, tout ça... Pourquoi pas le faire par le biais d'une nouvelle conquête? Un nouveau défi? Et puis, elle n'est pas indifférente à mon charme, vu la façon dont elle me regarde. Un, deux, trois, je me lance. « Oh! Parfaite synchronisation! » Sourire étincelant que j'ai élaboré des années de cela, en maternelle, pour séduire les filles. Oui, j'ai été précoce et oui, le miroir a toujours été un de mes fidèles amis pour ce qui est de l'élaboration de certains regards, sourires ou mimiques. Alors qu'on est seulement séparés par quelques casiers, je me rapproche et lui tend ma main droite. « Nathan Harrington, enchanté. » Mon nom allait sûrement lui dire quelque chose. Tout le monde ne me connait pas forcément de tête, mais de nom... Personne n'y échappe! J'ai une réputation et pas des moindres. « A qui ai-je l'honneur? » Mon sourire n'avait pas changé mais mon regard se fait plus insistant. Je l'inspecte, je la dévore des yeux. Toi, belle inconnue, sache que tu sera bientôt mienne. Et à cette pensée, mon sourire redouble.

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I want you to want me.

"Oui c'est... étonnant!" Peu à peu, mon sourire s'estompe et prend maintenant beaucoup moins de place sur mon visage. Quant à mon regard, il s'acharne toujours à la découverte de ma nouvelle proie. Je veux cette fille. La chasse est donc ouverte les amis! L'envie et la curiosité sont-ils visibles dans mon regard? Sûrement. Et où est le mal? Une fille a besoin d'être flattée. "Talie" Je décolle délicatement sa main de la mienne et m'adosse nonchalamment contre un casier. « Ravissante... Euh, ravissant prénom je veux dire! » Cette bourde n'en est pas une et j'ai bien veillé à ce qu'elle comprenne que je l'ai fait exprès en prenant un air audacieux.
"Et hum... Tu es dans quel département? Moi je suis en droit." Je hoche la tête. Bien sûr, elle est en droit. On appelle ça le destin mes enfants! « C'est marrant ça, moi aussi! » Je passe une main dans mes cheveux en essayant d'avoir l'air le plus cool possible. Et croyez-moi, ce n'est pas chose aisée quand on est déjà aussi cool que je le suis. « Donc tu n'as pas cours ce matin. On vient de me prévenir, c'est sympa de tout apprendre à la dernière minute... » Sarcasme qui me fit glousser. Mais très vite, je reprends mon sérieux, loin d'avoir oublié mon objectif. Vite, il me faut improviser quelque chose. Parler des cours? Trop ringard. En plus, j'en sais presque rien de mes cours. L'inviter chez moi? Trop direct. Un café? En voilà une bonne idée. « Pour me consoler de m'être levé pour rien, j'avais prévu d'aller prendre un café, ça te dit? Je t'invite bien sûr. » Ok, c'est un petit mensonge, je viens d'avoir envie d'un café. Et alors? C'est un minuscule mal pour un gigantesque bien.
Je laisse mon regard la parcourir. Pourquoi je ne l'avais pas vu avant? Elle est sérieusement splendide. De plus, sa tête me dit quelque chose. Je me fais sûrement des idées... Peut-être que je l'avais déjà croisé sans me rendre compte qu'elle était à tomber par terre. Ça ne parait pourtant pas plausible. J'ai un véritable radar à jolies filles, je ne l'aurais pas laissé filer! Hum. « Je suis sûr de t'avoir déjà vu quelque part mais je n'arrive pas à m'en souvenir! C'est dingue. On aurait pas déjà fait la fête ensemble? » Pitié que ce ne soit pas en réalité une ancienne conquête, j'aurais l'air bien con autrement.
Tout bien réfléchi, si j'avais déjà fréquenté cette fille, elle serait en train d'essayer de m'arracher les corrones. Si, si, ça m'est déjà arrivé et croyez-moi, c'est extrêmement douloureux. Et le pire, c'était la tête de mon médecin quand il avait vu les dégâts. Comme quoi, être gentil avec les filles, ça vous retombe toujours sur la gueule.
Pas de réponse, miss Talie semble un peu trop pensive. Oh non... Serait-ce de l'hésitation que je vois dans ses yeux? Mais enfin, personne n'hésite à me dire oui. « Ne me dis pas que je vais devoir t'obliger à m'accompagner, j'aime pas avoir recourt à la force avec les filles! » Je décide de tourner ça à la plaisanterie même si je suis néanmoins un peu vexé. Elle a sûrement ses raisons et ça n'a certainement rien à voir avec moi.

I want you to want me.

Elle n'a pas l'air d'être dérangée que je la drague aussi ouvertement. C'est une bonne chose, je dois vraiment lui plaire. Ou alors c'est une nymphomane. Ou alors, c'est les deux. Oh mon dieu... Il se passe vraiment d'incroyables choses dans ma tête.
"Oui, c'est sûr! Une amie m'a prévenue, mais elle l'a fait en mettant un message dans mon casier... Je l'adore, mais elle a pas pensée au fait que je ne le verrais pas avant ce matin. Nous voilà donc debout beaucoup trop tôt et pour rien!" Sourire de mec sûr de lui suivi de réplique qui tue : « C'est un des problèmes de la gente féminine, vous n'avez aucun sens pratique... Mais comment vous le reprocher, vous êtes si adorables !» Agrandissement de sourire et regard, posé sur la jeune blonde devant moi, qui devient de plus en plus insistant. Tiens, je vous ai-je dit que je la trouve vraiment craquante? C'est fou de dire ça, je sais, mais elle me fascine comme rarement une fille l'a fait. Raison de plus pour la faire mienne et l'aimer le temps de... Le temps d'une chanson (oui, je sais, c'est beau... Aucun mérite, remercions Gainsbourg).
"Ne t'inquiètes pas je viens avec toi. Et il est possible que tu m'ais déjà rencontré..." Froncement de sourcils. Alors, comme ça, je l'aurais déjà sûrement courtisé? Je ne parle aux filles que pour les charmer, pourtant, je suis sûr que je m'en serai souvenu si j'avais eu une telle sirène dans mes filets... « Tu me fais marcher? Je m'en serai forcément souvenu! » Je marque une pause et continue rapidement : « Merci de m'accompagner en tout cas. »
Ça alors! Qu'est-ce que fait ma future proie? Elle prend les devants, et bien! Bras dessous bras dessus, on dévale le couloir en direction de la sortie la plus proche. "Où veux tu veux aller pour prendre ce café?" dit-elle avant de me regarder avec l'air d'une sainte. « Je t'invite, c'est donc à toi de choisir le lieu voyons! » Niveau séduction, je connais mes classiques et la galanterie est toujours payante. Même si je n'aime pas particulièrement me plier en quatre pour quelqu'un d'autre que moi, la galanterie et le dévouement plaisent aux femmes. Aaaah... Ces femmes!
"Alors? Tu es en quelle année?" De quoi parle-t-elle? Ah oui... Les cours... Un peu plus et je les oubliais ceux-là! Comme quoi, traverser ma fac ne me suffit à me rappeler que j'y étudie. Pauvre de moi, je suis vraiment un cas désespéré. « On m'a laissé aller en deuxième année. Et toi? »
On est maintenant dehors et je laisse ma nouvelle amie me guider par le bras. Je croise des regards. Des regards envieux et jaloux, je suis sûr qu'on forme une magnifique paire, Talie et moi. Pas étonnant que les gens nous envient. Je croise aussi des regards de petits curieux amateurs de ragots et je sais à la minute que, bientôt, tout le campus sera au courant de cette petite affaire. Tant mieux, ça ne pourrait que m'aider.