Ces deux derniers jours avaient été des plus agités. Pour vous donner une idée. Elle ne savait même pas comment elle avait fait pour atterrir dans cette chambre d’hôtel. Elle y était c’est tout et apparemment elle n’y avait pas fini seule. Cela faisait une bonne heure que le gars était parti, mais Sasha elle n’avait pas eu la force de bouger du lit. Faut dire que lorsqu’elle était bourrée, tout était un peu plus compliqué. Elle était anglaise avec des origines irlandaises et écossaises, mais elle tenait mal l’alcool. Faut dire que ces deux derniers jours avaient été assez riches en évènements. En effet, ce weekend avait été l’anniversaire de la mort de sa sœur et autant dire qu’elle avait totalement débloqué lorsqu’en rentrant dans l’appartement elle avait entendu des bruits assez …étranges et révélateurs provenir de la chambre de Sam. Elle avait refermé la porte aussi sec et était repartie en cavale.

Cela s’était déroulé jeudi soir et depuis vendredi donc jusqu’à aujourd’hui, dimanche matin elle n’avait donné aucunes nouvelles. Vendredi elle avait erré dans les différents quartiers de Los Angeles, s’arrêtant à la plage ou dans des bars. Au final, arrivée au soir elle s’était retrouvée en cellule de dégrisement pour avoir dépassé la vitesse autorisée de … beaucoup et pour conduite en état d’ébriété. Elle avait donc passé la nuit au commissariat et s’était retrouvée dehors le lendemain matin après que ses parents aient payé sa caution. Résultat des courses : elle était quand même sans voiture, puisque cette dernière était dans une rue de Beverly Hill. Ah oui, ce n’est pas sa voiture qu’elle conduisait à ce moment-là, mais une voiture qu’un vendeur automobile avait consenti à la laisser essayer : une Maserati rouge. A la sortie de la cellule de dégrisement, elle était allée dans un magasin avec sa carte de crédit pour s’acheter de nouveaux habits et s’était changée dans un bar assez cher de la ville. A partir de là elle s’était de nouveau retrouvée en vadrouille. Allant de bar en bar, de fêtes en fêtes et enfin de night club en night club avant de se retrouver ici, dans cette chambre. Et tout ça pour quoi ? Pour oublier qu’elle était indirectement responsable de la mort de sa sœur et qu’elle aimait son meilleur ami.

En parlant de lui, c’est lui qu’elle pensa à appeler en laissant retomber lourdement sa main sur son portable. Là encore elle se dit que dès jeudi matin elle n’avait pas eut les idées en place, car elle avait pris le mauvais portable : son Blackberry qu’elle réservait à la base à ses anciens clients. Heureusement, elle connaissait le numéro de son meilleur ami par cœur et n’eut aucun mal à le composer. Une fois ce dernier en ligne, elle lui demanda s’il pouvait venir la chercher. Elle avait fouillé dans un tiroir pour trouver le nom de l’hôtel et enfin elle avait fini par réussir à mettre la main sur la clé pour donner le numéro de la chambre à Samuel : la 554. Il lui répondit que comme par hasard, il était à un café près de l’hôtel et qu’il arrivait. La coïncidence était trop belle pour être vraie. Sasha le soupçonnait plus d’être dans autre chose qu’un café quelque part dans une de ces chambres, mais elle retint cette réflexion pour elle-même. Une fois la conversation terminée, elle le laissa raccrocher et poussa un long soupir. Elle se résigna à se lever quand elle se dit que ça serait bien qu’elle aille prendre sa douche avant que Sam ne se ramène. Et puis finalement non, elle attendrait qu’il soit là pour y aller. Elle rangea un peu la chambre. Le tout pour minimiser le fait qu’il y ait une présence masculine dans cette pièce. Elle se débarrassa également de tout objet jetable qui était assez révélateur sur les activités de la soirée, les mettant à la poubelle. Elle enfila un des peignoirs de l’hôtel et essaya d’arranger le lit. Elle ne savait pas si son ami serait dupe ou pas, mais au moins elle aurait essayé.

Quelqu’un frappa à la porte et elle alla ouvrir. C’était Sam, son meilleur ami. Elle lui adressa un sourire vite fait. Faut dire que les effets des verres d’alcool engloutis ces deux derniers jours laissaient des traces.


« Installe-toi ! Je reviens vite fait…le temps de prendre ma douche, ça ne sera pas très long. »

Elle laissa Samuel se mettre à ses aises et se dirigea vers la salle de bain pour prendre sa douche vite fait. Une fois finie, elle sortie de la chambre pour prendre ses habits qui sentaient l’alcool et la cigarette à plein nez, mais bon elle n’avait rien d’autre… Oh et puis non. Elle enfila juste ses sous-vêtements ainsi que son trench coat Burberry et pour finir enfila ses escarpins. Une fois revenue dans la chambre elle regarda son ami et lui annonça qu’ils pouvaient y aller. Heureusement la note de la chambre avait déjà été réglée par le gars, du moins c’est ce que lui annonça l’hôtesse d’accueil «Note déjà payée ».

Heureusement cela ne prit pas beaucoup de temps pour rentrer et Sasha rentra assez vite dans son « home, sweet home ». Elle rentra en même temps que Sam et jeta vite fait ses affaires dans sa chambre avant de revenir dans le salon où elle se prit un verre de coca-cola.

« T’en veux un ?... T’as passé un bon weekend ? »

La question était stupide bien entendu qu’il avait dû passer un bon weekend. Cependant, la jeune fille ne savait pas quoi dire de plus et n’avait pas envie d’aborder la première le sujet sur sa disparition.

La sonnerie de l'iPhone de Samuel retentit dans la chambre d’hôtel où il se trouvait en... charmante compagnie. Il se saisit du portable, reprit son souffle et posa la main sur la bouche de la jeune femme latino sur laquelle il était assis à califourchon, puis décrocha. C'était Sasha, sa meilleure amie qui venait de disparaitre de tout le week end. Comme ça, sans prévenir. Elle disait qu'elle était dans un hôtel dont elle donna le nom, chambre 554. Le jeune homme se rendit compte qu'ils étaient au même endroit au même moment, lui avait eu la 550 mais il lui dit qu'il était dans le café d'en face sans savoir qu'en fait il n'y avait aucun café. Il se doutait qu'elle ne croirait pas vraiment à un si grand hasard, mais bon. Il raccrocha en soupirant : que s'était-il encore passé ? Et qu'est-ce qu'elle avait ENCORE fichu ? Il avait essayé de la joindre toutes les heures, les deux derniers jours, et elle n'avait pas répondu. Et là, elle avait appelé avec un numéro inconnu au bataillon. Il commença à se poser des questions en oubliant totalement la fille qu'il était précédemment en train de tripoter. Il calcula mentalement combien de temps il faudrait pour aller de son café improvisé à la 554 et se donna un quart d'heure. Samuel lança avec un sourire désolé à la fille qu'il "devait faire le taxi driver" et que par conséquent leurs ébats seraient reportés à plus tard... probablement à jamais en fait. Il se rhabilla assez rapidement, essaya de remettre de l'ordre dans ses cheveux qui, décidément, n'en faisaient qu'à leur tête quand il n'avait pas de gel sous la main pour les menacer, puis vérifia qu'il n'avait rien oublié et sortit, encore en reboutonnant sa chemise.

Une fois dans la 554, il trouva une Sasha plutôt... pressée et mal en point. Le genre qui avait bu plus que de raison. Sam lui avait déjà dit qu'elle ne tenait pas l'alcool mais bon, cette fille était vraiment têtue comme une mule. Il avait à peine débarqué que déjà, PAF ! elle lui donnait des ordres et filait sous la douche sans qu'il puisse en placer une ni même dire bonjour. Ah, j'vous jure. Il attendit les mains dans les poches, soupirant de temps à autre parce qu'il était d'humeur maussade. Non, c'était pas à cause de la bimbo latino. Il était carrément plus heureux de retrouver Sasha entière. Elle ressortit de la salle de bain en vitesse, avec son trench coat et il semblait qu'elle n'avait pas grand chose en dessous. Sam se fit alors trainer comme un sac à patate à la réception et il ne comprit plus vraiment comment il s'était retrouvé au volant de sa voiture tellement ça allait vite. Le voyage fut atrocement silencieux, et heureusement qu'ils arrivèrent à leur appartement rapidement, sinon Sam aurait sombré dans le sommeil. Là encore, Sasha le traina avec elle jusqu'au 34e étage et quand enfin il se laissa tomber dans le canapé pour souffler un coup, et déjà sa meilleure amie lui proposait un coca en demandant s'il avait passé un bon week end. Sasha ou comment éviter les sujets qui fâchent en faisant comme si tout allait bien. Il la regarda en prenant son verre et sirota une ou deux gorgées avant de répondre :

- Week end pourri, j'ai jamais vu ça. Enfin, ça devait être mieux que le tien.

Il se tut et plongea son nez dans son verre de coca. En effet, il avait eu un SMS de son père qui l'invitait dimanche soir - ce soir quoi - à dîner et pour enterrer la hache de guerre. Sauf que Samuel n'avait rien à enterrer, lui, puisqu'il n'avait rien déterré. Voilà, pour le jeune homme, il n'y avait rien de pire que d'aller chez le paternel rendre visite à son bâtard de demi-frère et à la blonde 95D qui lui servait de belle mère. Il n'avait pas encore répondu au message d'ailleurs. Il releva donc les yeux vers sa meilleure amie avec l'intention d'en savoir plus sur ses escapades étranges et inquiétantes - il n'avait pas dormi depuis deux jours parce qu'il craignait de manquer son appel probable. En même temps, il était sûr qu'elle l'enverrait bouler et d'ailleurs, il n'aimait pas vraiment les tonnes de secrets qu'elle lui cachait. Par exemple la mort de Sabbah. Il était au courant parce que c'était sa mère qui l'avait prévenu, mais Sasha, elle, ne lui en avait jamais parlé. C'était plutôt bizarre en plus. Bon, c'est vrai que lui aussi lui cachait certaines choses... mais il avait l'impression que ses secrets n'étaient rien comparés à ceux de son amie.

- Je t'ai appelée pendant deux jours, toutes les heures, et t'as jamais répondu. Ton portable était carrément éteint. Et tu viens de m'appeler d'un numéro inconnu. Je crois que tu pourrais me dire un peu ce que tu as trafiqué pour terminer dans une chambre d'hôtel... au moins pour mes deux nuits blanches.

Il fallait avouer que la colère de Samuel pointait dans le ton qu'il avait adopté et qu'il avait été légèrement agressif sans le vouloir. Mais la fatigue, la colère, la frustration, l'agacement, tout cela menaçait de déborder. Et de faire exploser le jeune homme. En général, Samuel était du genre colère froide. Il restait calme et devenait glacial, tout du moins il se renfermait sur lui même sans quitter l'objet de sa colère du regard. Une fois il avait vraiment pété les plombs : il avait fini par craquer et il avait expédié son poing dans la figure de son père... avant d'être jeté dehors. Sam croisa les bras en continuant de fixer Sasha :

- Évite de m'envoyer sur les roses s'il te plait. Je suis pas d'humeur à laisser passer en souriant gaiement aujourd'hui. C'est pas à cause de toi mais bon.

Quelque chose lui disait qu'elle le ferait quand même...

Un weekend pourri? Mieux que le sien en tout cas ! Oh oui surement!!! La jalousie possessive de Sasha avait envie de lui répliquer que pour "monsieur", passer un weekend à s'envoyer des filles -pour rester polie- devait en effet consister un meilleur weekend que celui qu'elle avait passé, du moins pour un mec. A vrai dire sans elle dans les parages, Sasha pensait même que Sam avait dû s'éclater. Elle ne répondit pas à cette affirmation. La jeune femme pouvait s'emballer vite, faut dire que ce n'était pas une bonne période pour elle en ce moment. C'était l'anniversaire de la mort de Sabbah, ce qu'elle vivait mal pour plusieurs raisons et pour tout dire elle avait de plus en plus de difficultés à supporter les aventures de son meilleur ami ces derniers temps. Des fois elle avait juste envie de tout lui dire quitte à ce que ça aboutisse à faire ses valises et partir. Sasha continuait toujours de fixer Sam tout en buvant son coca. Ce dernier était assis sur le canapé alors qu'elle, elle était restée dans la cuisine.

Il eut un moment ou personne ne parla plus. Ce silence était d'autant plus gênant que la jeune femme n'était pas totalement dans son assiette et dans sa tête ça prenait des mesures un peu disproportionnées. Sam continua de boire son coca, mais Sasha elle ne le quittait plus des yeux. Son ami en avait gros sur la patate, c'était le cas de le dire. La jeune femme faillit détourner son regard lorsque Sam tourna le sien de nouveau vers elle. Faut dire qu’elle y voyait une certaine détermination qui commençait à inquiéter Sasha. Elle savait qu'elle ne s'en tirerait pas comme ça et qu'elle devrait cracher certaines choses sur elle à Sam, peut-être même tout. Inutile de vous dire qu'elle avait peur de sa réaction.


- Je t'ai appelée pendant deux jours, toutes les heures, et t'as jamais répondu. Ton portable était carrément éteint. Et tu viens de m'appeler d'un numéro inconnu. Je crois que tu pourrais me dire un peu ce que tu as trafiqué pour terminer dans une chambre d'hôtel... au moins pour mes deux nuits blanches.

Sasha sentie très bien la colère dans la voix de ce dernier. Elle se sentait coupable d'avoir mis son ami dans cet état et en même temps elle avait envie de l'envoyer bouler par rapport à certaines choses qui l'avaient mise en pétard. Pour la blondinette, si Sam n'avait pas put dormir ces deux dernières nuits, ce n'était pas surement de dû à sa disparition, mais plutôt parce qu'il avait été en charmante compagnie. D'ailleurs c'est ce qu'elle faillit faire. Elle était sur le point de répliquer mais s'arrêta net en voyant Sam croiser les bras en rajoutant tout simplement une dernière phrase qui acheva de pousser la colère de Sasha - à moins que ce ne soit de l'agacement ou de la frustration- à son apogée ou du moins presque.

- Évite de m'envoyer sur les roses s'il te plait. Je suis pas d'humeur à laisser passer en souriant gaiement aujourd'hui. C'est pas à cause de toi mais bon.

La jeune fille grinça des dents, avec l'envie de se défouler sur le champ sur son ami ou encore tout simplement de ne lui donner aucune information et de s'enfermer dans sa chambre. Pour elle tout sembler bon du moment qu'il était et restait frustrer. Ne pas lui donner satisfaction était sa seule envie pour le moment.

"Qu'est-ce que ça peut bien te faire où j'étais? Ce que je faisais ? Je te demande avec qui tu couches ? Tes nuits blanches, je suis certaine que tu les dois à tes nuits avec ces g*rc*s que tu ramènes de tes fêtes, alors me rejette pas la faute dessus. Je te signale qu'il n'y a pas que toi qui as le droit de t'amuser. Moi aussi j'ai le droit. Tu veux quoi ? un dessin ? Contrairement à toi je vais pas inventer un café fantôme pour justifier ma présence à l'hôtel. C'est bête que tu te sois fait du mouron pour moi t'aurai mieux fait de faire ce que t'étais entrain de faire avec ton amie de jeudi soir quand je suis rentrée...Cela fait un an que Sabbah est morte et j'ai pas envie de supporter tes conquêtes dans ce qui est pour moitié mon appart l'anniversaire de la mort de ma JUMELLE. Quant au portable je l'ai depuis belle lurette, t'as juste pas le numéro de celui-ci."

Bien entendu, comme d'habitude, lorsqu'elle criait sur Sam ou qu'elle le mettait dans un sale état elle se sentait vite coupable. Cependant, elle avait ressenti le besoin de se défouler sur lui, de libérer sa colère...à croire que deux jours passés à faire des conneries ne lui avaient pas suffit. Elle n'avait bien entendu pas lâché Sam des yeux, mais elle finit par les baisser. Elle ne supportait plus de soutenir le regard fatigué et énervé de son meilleur ami. Après les regrets venait vite l'envie de se faire pardonner et donc de s'excuser.

"Je suis désolée. Je n'aurai pas dû te crier dessus."

Elle savait que de simples excuses ne suffiraient pas. Il était en colère pour une raison qui d’après ses dires n'avait rien à voir avec elle, mais elle savait que sa disparition de deux jours n'avait pas dû l'aider à se calmer.

"Je suis partie en vadrouille rien de bien phénoménal. Je suis surtout allée de bars en bars et de boites de nuits en boites de nuits. J'ai laissée ma voiture quelque part dans Beverly Hill, je me suis faite arrêtée pour excès de vitesse et conduite en état d'ivresse. Une nuit entière en cellule de dégrisement, mes parents ont payés la caution sans raller. J'ai fait la même chose la journée suivante et j'ai fini dans un hôtel avec un gars dont je ne me rappelle tout juste la tête."

Elle avait la tête baissée et durant sont récit du weekend elle avait essayé de jeter des regards en coin à Sam pour voir sa réaction sans pour autant le voir. Elle n'osait pas vraiment le regarder en face. Elle finit par contourner le plan de travail et alla le rejoindre sur le canapé. Elle s'assit juste à côté de lui, si prêt qu'elle posa son menton sur l'épaule de son ami le regard tourné vers lui, passant ses bras autour du sien. Comme le silence ne se brisait pas elle ne trouva rien d'autre pour détendre l'atmosphère ou du moins essayer que de se mettre à chantonner une chanson sur un air inventé. Autant dire que ça devait pas être extra à entendre.

"Mon meilleur pote à moi
C'est le mec le plus sympa
Il est toujours là quand j'en aie besoin
Prêt à administrer tous les soins
Maladies, peine de coeur
Il arrive à me sortir de tous les malheurs
Et pour certaines c'est un problème
Moi je m'enfiche parce que je l'aime
Mon meilleur pote à moi
C'est le mec le plus sympa"

Elle ne savait pas si la petite chanson faisait son effet, mais elle l'espérait. Elle voulait retrouver son Sam. Sasha espérait aussi découvrir ce qui mettait son ami de mauvais poil. Elle hésita un petit moment à poser la question, mais finit par prendre son courage à deux mains et à lui poser la question.

"Si c'est pas moi...qu'est-ce qui t'as mis en colère ?"