Tu vois, la liberté c’est de pouvoir manger des carottes râpées dans l’emballage. Skinny.lOve

C’est la première fois que Lily-Rose voit une file d’attente aussi longue devant le secrétariat. A croire que tous les étudiants s’étaient passé le mot pour venir exactement en même temps qu’elle. Ainsi, d’après ses calculs de mauvaise mathématicienne, elle avait encore plus d’une heure à attendre pour déposer un malheureux certificat qui lui donnera trois longs et délicieux mois de vacances. Elle aurait été encore plus enthousiaste si elle n’avait pas à attendre un temps infiniment long pour le refiler à la secrétaire qui va être rayonnante de gaieté, comme toujours. Grommelant dans son écharpe, elle jette un œil aux autres étudiants qui passent à côté de la file sans les regarder, espérant apercevoir Sky. Et qu’il vienne lui tenir compagnie en attendant de pouvoir atteindre ce foutu secrétariat. Enervée et déjà fatiguée, elle s’adosse au mur. Comme si la matinée n’avait pas été assez… Non en fait, pas du tout. La matinée avait été parfaite. Pour une fois, elle avait réussi à se réveiller avant Sky pour lui préparer un petit-déjeuner qu’elle l’avait forcé à avaler, malgré ses protestations incessantes. Elle n’avait aucun remords pour avoir tenter de l’engraisser un peu. Mais à présent, à midi, elle av terriblement faim, mal aux jambes et commence presque à somnoler contre son mur. Dans l’espoir de se donner un peu de courage, elle se redresse et secoue la tête. Une silhouette brune passe à toute vitesse devant elle. Intriguée, elle se penche légèrement et l’observe. Bizarre, elle connait cette descente de reins. Et cette façon de filer à travers les autres élèves, la tête penchée sur ce qui est sans doute des feuilles de cours. Un gigantesque sourire apparaît sur les lèvres de la jeune femme, elle tend le bras et arrive de justesse à attraper un bout de t-shirt dans son dos.

Quand il lève la tête, il a l’air complètement perdu. Alors, Lily le tire doucement à elle et lui sourit de plus belle. Enfin, il la reconnait. Tous deux parlent à voix basse durant quelques minutes. Sky a toujours eu le don de la faire rire avec ces bêtises. D’autant qu’il semble y croire dur comme fer. Une sonnerie stridente retentit dans les couloirs. Sérieusement, ils doivent être dans la seule université au monde à avoir encore une sonnerie pour leur indiquer la fin et le début des cours. Sky relève la tête à se moment-là, et dit qu’il doit partir. La jeune femme fait la moue mais se hisse sur la pointe des pieds pour lui plaquer un baiser sur la bouche, brièvement, alors que la file d’attente s’ébranle enfin. Elle le voit rester planter là où il est et éclate de rire. Leurs regards se croisent. Elle croit apercevoir un petit sourire sur ses lèvres mais il se détourne avant qu’elle ait pu s’en assurer. Heureuse, et fière de son coup, malgré tout, elle se retourne pour se remettre dans le sens de la marche. Ce matin, en se réveillant, elle avait déjà un mauvais pressentiment. Il se passerait quelque chose aujourd’hui mais quoi ? A présent, elle a la réponse devant elle. Grand, musclé, les cheveux noirs, les yeux bleus. Non, pas Sky, Andrew. Dommage, la ressemblance était presque frappante mais, le presque faisant toute la différence, il a fallu que ça tombe sur Andrew et pas une mauvaise blague de Sky. Tout son corps se tend. Il a fallu qu’elle tombe sur lui aujourd’hui. Une année durant, elle a réussi à l’éviter, à ne pas répondre à ses appels, à ne pas le croiser dans les couloirs et juste le jour où elle allait avoir trois mois de vacances, elle lui retombait dessus. Le connaissant, et vu le regard qu’il lui lance, il ne se privera certainement pas d’une ou deux remarques assassines auxquelles Lily répondra irrémédiablement.

« Tiens, quel hasard... »

Et voilà qu’il commence. Lily a déjà envie de lui faire avaler son sourire narquois. Il a l’air de déjà s’employer à la faire chier, comme s’il n’avait pas compris qu’entre eux, c’était terminé depuis belle lurette. A vrai dire, ça n’avait jamais commencé. Andrew n’avait toujours été qu’un divertissement pour elle. Quand elle s’ennuyait, c’était lui qu’elle appelait. L’absence de sentiments ne l’avait jamais empêchée de se montrer tendre avec elle mais il fallait se rendre à l’évidence, entre eux, ça n’aurait mené à rien. Une voix la sort de ses pensées. Sa voix, évidemment.

« J'oubliais, toutes mes félicitations pour t'être fais engrossée. »

La jeune femme lève les yeux au ciel, pas le moins du monde touchée par sa petite pique minable. Être enceinte aura eu cet effet positif sur elle de la calmer et lui apprendre à ne pas se jeter sur les gens qui la provoquent. Lâchant un long soupire, elle lève les yeux vers lui et lui adresse un sourire faussement agréable.

« J’avais oublié que tu n’avais pour toi que ta répartie ‘cinglante’. D’ailleurs, pourquoi un tel accueil ? J’ai brisé ton petit cœur ? »

Stop & Smile

« Un sourire, un regard, des mots, balancés dans l'air qui claquent froidement contre les murs. Une attitude, un masque, un faux semblant. Rien n'a d'importance lorsque nous le décidons. »

fiche par century sex.

C'était comme ça, tout avait été comme ça dès le début. Un appel, un regard, un sourire, et un lit. Il n'y avait rien eu de plus entre nous, et la jeune femme n'avait vu en moi qu'un jouet supplémentaire. Elle l'était également au départ, nous savions parfaitement à quoi nous en tenir. Pourtant au fil des mois j'apprenais à la connaître bien qu'elle aurait voulu que tout cela soit autrement, que nous restions distants l'un de l'autre, nous rapprochant uniquement pour les soirées passées ensemble. Elle me ressemblait, un peu trop d'ailleurs. Nos caractères étaient si similaires que tout cela ne pouvait que terminer en haine affective. Je l'avais haïs tout simplement parce qu'elle avait arrêté tout ça sans un mot de plus. Elle se comportait comme je me comportais avec toutes les filles qui avaient défilées dans ma chambre, et c'est ça que je n'appréciais pas, que j'avais du mal à assimiler. Son regard et le mien se défient. Chacun toise l'autre du regard et lève la tête comme une guerre non déclarée, l'un comme l'autre ayant envie de gagner cette partie. Je ne voulais pas la revoir, j'espérais même qu'après ce passage explosif, je ne reverrais plus son visage. Le simple fait de l'avoir en face de moi l'énervait plus que je n'aurais pu le croire.

« J'oubliais, toutes mes félicitations pour t'être fais engrossée. »

Alors elle en était arrivé là, au point où je ne l'aurais jamais imaginé, rapatriée de jeune femme intéressante à une gamine ayant un sourire heureux peint sur les lèvres, un ventre rebondit sous l'effleurement de sa main? Ça en était presque navrant à mes yeux. Elle qui passait de conquête en conquête avait finalement arrêter ses yeux sur l'une d'elles pour ne voir que lui, apercevant le monde sous un regard amoureux que je n'aimais décidément pas. Le dicton l'amour rend aveugle n'avait jamais été aussi vrai. Elle allait devenir une bonne mère, une bonne épouse, et ne verrait pas plus loin, comme toutes les autres. Comme si la vie tournait autour de ça. Pitoyable. Je la vis lever les yeux au ciel à ma réplique. Et qui plus est, elle avait également perdu de son piquant avec sa grossesse. La Lily que j'avais connu n'existait visiblement plus, l'image que je m'étais faite d'elle en tout cas. J'avais devant les yeux une jeune femme ennuyante, tout simplement perdue dans son amour et son petit bonheur. Le genre de femme que j'évitais en général. J'eus un léger rictus à sa réaction, amusé.

« J’avais oublié que tu n’avais pour toi que ta répartie ‘cinglante’. D’ailleurs, pourquoi un tel accueil ? J’ai brisé ton petit cœur ? »

Mon petit cœur, ah comme si j'en avais un. Je m'étais attaché à elle, certes, mais ce n'était que de l'affection et rien de plus, et fort heureusement d'ailleurs vu comment cela avait terminé. Qui plus est, personne ne se doutait que j'avais pu ne serait-ce qu'apprécié Lily plus que mes autres conquêtes. J'avais bien fais attention à ce que tout cela reste secret, et ce n'était pas le moment que cela se sache. Mon sourire narquois resta sur mes lèvres, ne s'étirant que d'avantage à sa réplique pour le moins pathétique. Je lève un sourcil interrogateur à ses propos, mais ne réplique pas. Je me contente de lever les yeux au ciel. Ma répartie, si je n'avais que ça je n'aurais pas terminé dans son lit autant de fois. Quoique, vu qu'elle couchait avec bon nombre de personne, cela aurait pu arriver. Mais je la savais sélective à l'époque et ne couchait qu'avec ceux qui l'attirait.

Un sourire s'étira sur mes lèvres en songeant à sa réplique sur mon cœur. Heureusement qu'elle ne me l'avait pas brisé comme elle l'avait bien dit. Je leva les yeux au ciel mais répondit néanmoins, mon ton se faisant léger, comme si nous discutions de la pluie et du beau temps. Je laissa ma voix, plus basse cette fois-ci, flotter doucement autour de nous, doucereuse comme si j'allais prononcer des mots tendres.

« Je crois que tu me connais assez pour savoir que je n'ai pas eu de cœur et tu n'as pas échappé à la règle. »

Je me releva légèrement une fois mes propos ayant glissé le long de mes lèvres. Mes yeux dérivèrent sur la salle et les gens nous entourant avant de se reposer sur la silhouette de la jeune femme. Ils parcoururent celle-ci, la regardant de haut en bas.

« Ce n'était pas ton cœur qui m'intéressait, je crois que nous sommes d'accord à ce sujet. »

Tu vois, la liberté c’est de pouvoir manger des carottes râpées dans l’emballage. Skinny.lOve

Leur problème, à ces deux-là, c’est qu’ils ne se sont pas compris. Dès le début. Lily-Rose voulait quelque chose de léger, une relation où ils seraient libres d’aller voir ailleurs s’ils en avaient envie, une relation sans sentiment, sans attache. De son côté, elle avait plutôt bien réussi son coup. Quitter Andrew ne lui avait fait ni chaud ni froid. Bon, ça faisait bizarre de ne plus pouvoir l’appeler quand bon lui semblait pour arranger une soirée, mais c’était tout. Quand elle repensait à lui, il n’apparaissait plus que comme un des nombreux garçons qu’elle avait eu dans son lit parce qu’elle l’avait décidé même si parfois, durant leur brève et intense « relation », elle avait eu l’impression qu’Andrew s’employait à la découvrir plus qu’il ne le devrait. Dans le doute, elle se demandait souvent si elle pouvait finir par tomber amoureuse de lui mais la réponse était toujours « non ». Ils étaient trop semblables, raisonnaient de la même manière, avaient les mêmes goûts, la même répartie et la même envie de s’amuser. Elle aurait plutôt finir par le haïr. Et quand elle tentait de s’imaginer une vie avec lui, ça tournait systématiquement au cauchemar car il n’y aurait pas eu le moindre sujet d’entente à l’exception du sexe. Et ça, ça ne faisait pas une vraie relation. Evidemment qu’il ne pouvait pas comprendre. Malgré tous ses efforts, il n’a jamais vraiment connu Lily. Il ne connaissait que la femme qu’elle lui permettait de voir. La seule chose qu’elle avouerait, c’est qu’elle ne se serait jamais lassée de lui, si Sky n’avait pas déboulé dans sa vie. Après tout, Andrew était un bon coup, pas énervant et très obéissant.

« Je crois que tu me connais assez pour savoir que je n'ai pas eu de cœur et tu n'as pas échappé à la règle. »

Un petit ricanement entre l’amusement et la moquerie s’échappe des lèvres de la jeune femme. Il est tellement dans le rôle de l’amant qui dit n’en avoir rien à foutre de la femme avec qui il est resté plus d’un an que ça serait presque crédible. Sauf qu’il ne s’est jamais rendu compte que Lily l’observait. Elle le regardait agir avec les autres filles, puis avec elle. Il y avait une marge de différence de la taille d’une faille. Il est tellement mauvais menteur, qui plus est. Elle ne relève même pas sa dernière réplique, toujours autant amusée par la première. Doucement, elle passe une main sur sa joue, comme une douce amante, comme elle faisait parfois avant. Elle ne perd pas son sourire narquois et soudainement mesquin.

« Alors dis-moi… Puisque je n’étais qu’une fille comme les autres, pourquoi répondre à tous mes appels, qu’il soit midi ou trois heures du matin ? Pourquoi être resté plus d’un an avec moi alors que tu jetais les autres au bout de trois semaines ? Et par-dessus tout, pourquoi est-ce que tu es si furieux, maintenant ? Tu salues les autres d’un des tes sourires d’hypocrite et j’ai droit à un traitement de faveur ? C’est trop d’honneur, tu sais. »

Lentement, elle baisse la main. La file d’attente avance de plusieurs pas. Avec un peu de chance, elle sera passée dans peu de temps pour pouvoir enfin rentrer chez elle et se préparer quelque chose à manger. Même la nourriture a plus d’importance qu’Andrew, dans son esprit. S’adossant à nouveau au mur, elle hausse les épaules en soupirant. Son dos commence à la lancer sérieusement et pas moyen de s’assoir, sinon elle perdrait sa place dans la file. Et elle ne pouvait pas demander à Andrew de lui garder sa place. Mesquin comme il était, il lui ferait sans doute refaire la queue depuis le début. Croisant les mains sur son ventre, elle affiche à présent un sourire en coin.

« Enfin bon, c’était cool le temps que ça a duré, quoi. De toute façon, te connaissant t’as dû t’en trouver des milliers d’autres pour te consoler de t’être fait jeter et pas l’inverse. »

Spoiler:

Stop & Smile

« Un sourire, un regard, des mots, balancés dans l'air qui claquent froidement contre les murs. Une attitude, un masque, un faux semblant. Rien n'a d'importance lorsque nous le décidons. »

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Le secrétariat était un endroit où personne n'avait réellement envie de s'y trouver. L'attente était longue, horriblement ennuyeuse, vous rapatriant uniquement au rang d'élève parmi tant d'autres. Il faisait beau dehors, il faisait chaud, et l'air était doux. Et pourtant, nous étions bien nombreux ici, à se regarder les uns les autres, comme compatissant chacun de notre côté à cette attente infernale. C'était ce genre de moment qui permettait des regards et des sourires complices entre nous, alors qu'en général, nous ne nous connaissions pas, ou bien juste de vue. Ce genre de moment où l'on se serre un peu les coudes histoire d'en plaisanter plus tard.

Et pourtant, je me retrouvais face à Lily-Rose, une jeune femme que j'avais côtoyé durant plus d'un an. C'était inhabituel, tellement que beaucoup de monde connaissant notre relation d'amant en était plus que surprit. Elle comme moi nous avions l'habitude d'aller voir ailleurs, alors notre relation était basée là-dessus, autour d'un lit et du sexe. Rien de plus. Malgré tout elle avait finit par m'inspirer autre chose que de l'envie. Durant les derniers mois j'étais devenu presque fidèle à elle, pour l'être totalement par la suite. Alors qu'elle et moi, ce n'était rien que de l'amusement.

« Je crois que tu me connais assez pour savoir que je n'ai pas eu de cœur et tu n'as pas échappé à la règle.

- Alors dis-moi… Puisque je n’étais qu’une fille comme les autres, pourquoi répondre à tous mes appels, qu’il soit midi ou trois heures du matin ? Pourquoi être resté plus d’un an avec moi alors que tu jetais les autres au bout de trois semaines ? Et par-dessus tout, pourquoi est-ce que tu es si furieux, maintenant ? Tu salues les autres d’un des tes sourires d’hypocrite et j’ai droit à un traitement de faveur ? C’est trop d’honneur, tu sais. »

Elle semble vouloir jouer sur ce terrain, sur l'égarement que j'ai eu avec elle, me laissant aller alors que je ne l'aurais pas du. Je le savais déjà à l'époque, que même si nous aurions essayé quelque chose de plus, cela aurait terminé bien plus mal que tout ça. Chacun de nous voulait avoir raison, avoir le dernier mot, et la seule entente que nous avions était le sexe. Un rire moqueur glissait hors de ses lèvres que je prenais autrefois plaisir à embrasser. Désormais je savais qu'elle avait ciblé ma faiblesse et qu'à présent, elle en jouerait. Lily était comme moi, nous basions nos relations sur la même chose, et elle avait la facilité de cerner ses vis à vis comme je le faisais. Sauf que là, c'était moi la cible, et non l'inverse. Je lui adressa un léger sourire, ne me laissant pas toucher par cette réplique qui pourtant, aurait sûrement des conséquences plus tard.

« Pourquoi ? Mais parce que tu étais le meilleur coup que j'avais et c'était vraiment le pied. Je n'allais pas me priver de ça. Enfin... C'est toi qui m'en a privé finalement, et je dois t'avouer que ça a été difficile de retrouver ce genre de plaisir intense. »

La file avance, nous faisons juste quelques pas avant que nos regards se croisent de nouveau et se défis. Le sien est amusé et le mien l'est tout autant, comme si je prenais plaisir à me faire du mal moi-même. A l'époque, je savais qu'elle et moi ça ne rimait à rien et que ça ne serait jamais rien. Mais j'avais prit le risque de m'attacher à elle. Je devais vraiment être maso d'ailleurs. Un léger soupire s'échappe de mes lèvres tandis que je glisse mon regard sur elle.

« Comme tu l'as si bien dit, les autres ne faisaient pas long feu dans mon lit. Alors je ne vois pas l'intérêt que j'aurais à me souvenir de leurs visages ou de leurs noms, uniquement de leurs corps qui sont souvent très agréables à se rappeler. »

Et pourtant elle avait bien raison, elle le savait mais je continuais à jouer parfaitement mon rôle, laissant mon air désinvolte et nonchalant parler pour moi. Ma voix se faisait légère et mon sourire narquois ne quittait pas mon visage. Ce traitement de faveur comme elle le disait, ce n'était pas parce que cela avait duré environ un an comme je le lui avais répondu, mais bien parce qu'elle avait compté ne serait-ce qu'un peu pour moi dans ma vie. Plus que tout mes coups d'un soir en tout cas. Bien plus. Malheureusement.

Tu vois, la liberté c’est de pouvoir manger des carottes râpées dans l’emballage. Skinny.lOve

Andrew Keenan ou l’homme qui ne se tait jamais. Il pourrait choisir la facilité, se taire et ne pas répondre aux provocations de Lily-Rose car celle-ci l’entraine inévitablement vers un terrain glissant. Elle sait pertinemment qu’il va se jeter dans son piège la tête la première car Andrew a toujours été fait comme ça. Même quand ils se voyaient régulièrement, ni l’un ni l’autre ne pouvait s’empêcher de se lancer des petites piques cinglantes qui, même si elles dégénéraient parfois en dispute, se terminait la plupart du temps au lit. De leur point de vue, rien de dérangeant. Ils étaient deux jeunes adultes consentants – même si parfois l’un devait forcer un peu la main de l’autre – qui s’occupaient comme ils le pouvaient et avaient trouvé un moyen efficace de se détendre à deux, en faisant du sport et en ne dérangeant personne. Quand Lily lui avait dit ça, la première fois, avec son sourire étiré, il avait ri aux éclats en se moquant gentiment. C’était un de leurs rares moments de complicité où elle était blottie dans ses bras et où ils parlaient de tout et de rien, mais surtout de rien. Lily-Rose avait apprécié ces moments à leur juste valeur mais à présent, ils étaient terminés. Tout ce qui les liait avait disparu et il ne restait plus que. Rien que de la haine, si on en croit les dires d’Andrew. Indépendamment de sa volonté, Lily s’en amuse et s’en moque ouvertement.

Elle sait qu’elle ne devrait pas faire ça, qu’elle devrait se montrer gentille ou, si ce n’est pas gentille, au moins distante. Elle aurait dû l’ignorer dès le début, en fait. Ignorer ses piques et la fureur qu’il semble vomir sur elle. Mais avec Andrew, ce n’est pas comme ça que ça marche car plus on l’ignore, plus il va prendre son pied. Le seul moyen c’est de tout lui renvoyer. C’était rare d’avoir le dernier mot avec lui. A tout bien y réfléchir, elle l’avait beaucoup plus souvent à la fin de leur relation. Il semblait plus prompt à abdiquer. En l’entendant, Lily fronce les sourcils, contrariée. Pourquoi lui dit-il tout ça ? C’est encore plus de moyen pour elle de répliquer mais il ne semble même pas y faire attention.

« Pourquoi ? Mais parce que tu étais le meilleur coup que j'avais et c'était vraiment le pied. Je n'allais pas me priver de ça. Enfin... C'est toi qui m'en a privé finalement, et je dois t'avouer que ça a été difficile de retrouver ce genre de plaisir intense. »

Il dit qu’elle était le meilleur coup qu’il avait eu, mais ce n’est pas une réponse à sa question. En tout cas, ça ne satisfait pas du tout Lily. Elle ne s’est jamais énervée après un de ces ex de la sorte. Sauf Hermès, mais lui, c’était encore autre chose. Essayer de la récupérer et d’obtenir un baiser par tous les moyens avait fini par la faire sortir de ses gonds. Et il s’était pris une gifle dont il se souviendrait sans doute toute sa vie. Andrew ne tarderait sans doute pas à subir le même sort s’il continuait à lui prendre la tête comme il le fait actuellement. Pour l’instant, elle est encore parfaitement calme mais, avec elle, tout peut démarrer en un instant. Il suffit d’un geste ou d’une parole qui ne lui plait pas et elle démarre au quart de tour. La jeune femme n’a pas le temps de lui répondre car la file diminue de nouveau et ils avancent. De toute façon, qu’aurait-elle pu répondre à ça ? Un rictus mauvais apparait sur ses lèvres quand elle voit Andrew soupirer puis reprendre :

« Comme tu l'as si bien dit, les autres ne faisaient pas long feu dans mon lit. Alors je ne vois pas l'intérêt que j'aurais à me souvenir de leurs visages ou de leurs noms, uniquement de leurs corps qui sont souvent très agréables à se rappeler. »

De nouveau, Lily étouffe un petit rire moqueur. Si sa bouche rit, ses yeux, eux, ne rient pas loin de là. Intérieurement, elle fulmine. Andrew le sait, il ne se privera pas d’en jouer et va la provoquer, la chercher. Malheureusement, quand on chercher Lily, on la trouve et plutôt deux fois qu’une.

« T’as dû dire ça à la moitié des filles que t’as baisées, ne serait-ce qu’une fois, hein ? Pour qu’elles se sentent comme des princesses parce qu’elles ont marqué l’esprit du bel Andrew alors qu’elles sont juste des connes comme d’autres. Tu sais bien que ton petit jeu marchera pas avec moi. »

Immédiatement, elle a repris son sérieux et ne sourit plus. Ses yeux lanceraient des éclairs, s’ils le pouvaient. Elle disait vrai. Elle n’avait jamais cru le moindre mot doux qu’il avait pu lui dire, trop lucide et surtout trop au courant. Elle connaissait la réputation de coureur d’Andrew et savait pertinemment qu’elle n’était pas la seule et qu’elle ne le serait jamais. Elle a réussi à le garder un an dans son petit jardin jusqu’à se lasser de lui. C’était elle qui était partie et avait laissé en plan un des garçons les plus populaires de l’université. Disons qu’elle avait été vaguement haïe par certaines, qui ne comprenaient pas son choix. Une main se pose sur son ventre quand elle sent un léger coup. En baissant la tête, elle s’accorde un petit sourire tendre. Vraiment, elle a hâte de l’avoir, ce petit bout. Quand elle relève la tête, c’est à son tour de soupirer.

« Ecoute, je suis franchement pas d’humeur à me disputer avec toi, alors fais-moi plaisir, fais taire ton égo surdimensionné et avance. »

Spoiler:

Stop & Smile

« Un sourire, un regard, des mots, balancés dans l'air qui claquent froidement contre les murs. Une attitude, un masque, un faux semblant. Rien n'a d'importance lorsque nous le décidons. »

fiche par century sex.

J'essaye de garder le contrôle tant bien que mal, mon sang-froid que je sens redescendre dès qu'elle ouvre la bouche. Le calme me manque et je sens un frisson me parcourir l'échine. Tout simplement parce que je n'aimais pas cette situation, elle me déplaisait tellement que mon corps en réagissait, comme s'il voulait à tout prix que je quitte cet endroit. Mais jamais je ne l'aurais fais, j'étais bien trop fier pour cela. Je ne voulais pas perdre d'avantage la face devant la jeune femme, qui menait déjà cette conversation. Elle le savait, tout comme j'en étais conscient. Je ne pouvais pas tourner cette situation à mon avantage comme je le faisais constamment, car mes sentiments s'y mêlaient. J'avais eu de l'affection pour elle quoique j'en dise. Je garda mes yeux dans les siens, pourtant l'envie de les retourner était bien présente. Je ne voulais plus voir son sourire moqueur et son regard méprisant, je me sentais m'énerver de plus en plus à chaque seconde. Néanmoins, je réussis à concentrer mon souffle à travers mes battements de cœur, oubliant ce qu'elle m'avait dit et ne songeant pas à ce qu'elle me dirait. Je ne devrais pas accorder de l'importance à tout cela, mais je ne pouvais pas m'en empêcher.

« Comme tu l'as si bien dit, les autres ne faisaient pas long feu dans mon lit. Alors je ne vois pas l'intérêt que j'aurais à me souvenir de leurs visages ou de leurs noms, uniquement de leurs corps qui sont souvent très agréables à se rappeler. »

Cette situation me rappelait la confrontation avec mon père. Je n'aimais pas rencontrer mon passé, bien que cette fois-là, je l'avais moi-même provoqué. Malheureusement, tout avait vite mal tourné, alors que j'étais venu pour ne serait-ce que faire sa connaissance. Ce jour-là, dans le secrétariat, en voyant la jeune femme devant moi, j'avais fais tout l'inverse, la provoquant dès que mes yeux s'étaient posés sur elle. Je ne réagissais pas bien devant ce genre de situation, c'était le cas de le dire. Je pouvais facilement m'emporter et je regrettais souvent mes propos par la suite. C'est pourquoi je tenta de garder mon calme et mon ton léger, voyant Lily réagir à mes paroles. Un rire moqueur s'échappe de ses lèvres tandis que son regard se fait assassin. Elle n'aime pas mes réponses, et je le savais bien avant de les prononcer. Je ne pouvais lui dire la vérité, alors qu'importe ce qu'elle allait croire, du moment que ce n'était pas ça.

« T’as dû dire ça à la moitié des filles que t’as baisées, ne serait-ce qu’une fois, hein ? Pour qu’elles se sentent comme des princesses parce qu’elles ont marqué l’esprit du bel Andrew alors qu’elles sont juste des connes comme d’autres. Tu sais bien que ton petit jeu marchera pas avec moi. »

Son ton était froid et cassant, son sourire ayant disparu de ses lèvres. Je ne bougea pas, gardant un léger sourire narquois sur les miennes. Au final, j'étais soulagé qu'elle réagisse ainsi. Je ne voulais pas qu'elle comprenne la vérité, je voulais qu'elle me voit comme elle me décrivait, car c'était bien plus simple pour moi. Les rares moments tendres que nous partagions étaient bien loin derrière nous, et pourtant, malgré ce qu'elle pouvait croire, elle était la seule avec qui j'avais été sincère depuis Shanaé. Mais je préférais qu'elle voit dans mes paroles et mes gestes de la simple manipulation qui ne fonctionnait pas avec elle. Ce n'était pas l'une de ces barbies que je ramenais dans mon lit, Lily était une femme intelligente, censée et réfléchie bien qu'avec un caractère difficile à supporter. C'était peut-être ça qui m'avait attiré chez elle à la fin de notre petit 'jeu'.

« Ecoute, je suis franchement pas d’humeur à me disputer avec toi, alors fais-moi plaisir, fais taire ton égo surdimensionné et avance. »

Je ne répliqua pas à ses remarques piquantes ou bien à ce qu'elle venait de me répondre quelques secondes plus tôt. Je gardais un air franchement méprisable et désagréable, celui que personne n'aimait voir chez moi. Je le savais parfaitement et l'adoptais consciemment. Je voyais la jeune femme s'énerver, rendant mon sourire amusé. La file d'attente avançait, et dans peu de temps, cela allait être enfin à moi. Finalement, je me demanda ce que j'aurais préféré, avoir une longue et insupportable attente, ou bien me disputer avec elle. Je crois que j'aurais préféré me prendre la tête avec la file qui n'avançait pas beaucoup, que me prendre la tête avec la dernière personne que j'aurais voulu voir à cet instant précis.

« Et je ne suis franchement pas d'humeur à me prendre la tête avec quelqu'un qui n'en vaut pas le coup. Sur ce... »

Je me retourna enfin, faisant face à la file qui avait nettement diminuée. Il n'y avait plus que quelques personnes devant moi, deux ou trois tout au plus, ce qui rendait le calvaire bientôt terminé. Heureusement d'ailleurs, car je ne me sentais pas capable d'en supporter d'avantage. Je crispa la mâchoire quelques secondes avant de reprendre l'attitude que j'arborais déjà avant de croiser le regard de la jeune femme.

Tu vois, la liberté c’est de pouvoir manger des carottes râpées dans l’emballage. Skinny.lOve

Ce silence, ce n’est pas habituel d’Andrew. S’il était lui-même, il lui aurait répondu avec la même verve qu’elle a mis à lui parler. Pourtant il ne le fait pas. Si Lily n’était pas aussi énervée à ce moment-là, elle se serait sûrement inquiétée pour lui, mais c’est bien beau de rêver. Ce type l’avait provoquée sans la moindre raison, pour presque l’insulter. Elle s’était déjà retenue de lui balancer son poing dans le nez, elle n’allait pas non plus le prendre en pitié et tenter de le consoler parce qu’une des filles avec qui il couchait – elle-même en l’occurrence – s’était fait la malle sans rien lui dire. Pauvre gosse, son petit cœur souffre ? Eh bien qu’il souffre un peu, ça lui fera les pieds. De toute façon, c’est étrange. Pourquoi souffrirait-elle de son départ ? Il devrait n’en avoir rien à faire et la considérer comme une aventure de passage, exactement comme elle le fait pour lui, mais ça ne semble pas être le cas. Mais après tout, tant pis pour lui. S’il avait saisi sa chance quand elle se présentait à lui, il aurait peut-être pu l’avoir vraiment, malgré leurs caractères ambigus et très semblables. Ils auraient passé la plus grande partie de leur temps à se taper dessus et à se lancer les assiettes alors, c’était un mal pour un bien.

La file avance enfin. Il ne reste plus qu’une demi-douzaine de personnes devant eux. Lily en voit enfin le bout. Cette attente s’était transformée en un long tunnel noir qui lui serrait le cœur et elle en voit enfin le bout. Si elle pouvait pousser tout le monde, faire manger son certificat à la secrétaire et repartir, elle le ferait. En fait, elle le pourrait tout à fait. Laissez passer, femme enceinte ! Quelle joie ce serait de faire avaler le certificat à la secrétaire pour qu’elle l’intègre bien. Si en plus elle pouvait confondre le trois avec le huit, ça serait encore mieux. Mais voyons, avec Andrew devant elle, elle n’a aucune chance d’atteindre le secrétariat avant que son tour arrive officiellement. Entre ses mains, elle triture nerveusement la feuille qui subit ses crises silencieuses de stress depuis tout à l’heure. Bientôt, elle arrivera en plusieurs morceaux à la pauvre employée qui n’a rien demandé – mais, bon dieu, si elle pouvait accélérer son rythme de limace ! – et on lui refusera son congé. Il ne manquerait plus que ça.

« Et je ne suis franchement pas d'humeur à me prendre la tête avec quelqu'un qui n'en vaut pas le coup. Sur ce... »
« Oh toi, tu vas vite fermer ta gueule. Je te signale que c’est toi qui es venu chercher les emmerdes, alors écrase et avance. »

Retrouvons tout de suite la Lily-Rose hargneuse et cynique qu’Andrew croyait si bien connaître. Pas assez apparemment puisqu’il n’a pas prévu son départ précipité et surtout très brutal. Se renfrognant, elle s’adosse au mur en triturant toujours cette pauvre feuille qui n’arrivera peut-être pas saine et sauve au bureau. Un coup donné dans son ventre la surprend. Elle grimace et se crispe soudain. D’ordinaire, ça ne lui fait pas aussi mal mais là, avec le stress et la fatigue accumulés, c’est plus brutal que d’habitude. Légèrement penchée en avant pour tenter de contenir la douleur, elle se force à respirer à fond. Mais rien n’y fait, Bidule ne veut pas cesser ses coups de pieds, tant et si bien que, pour ne pas tomber, Lily est obligée de s’accrocher à la première chose qui lui passe sous la main. Et cette chose s’avère être le t-shirt d’Andrew. Elle le serre très fort dans son poing, n’ayant même pas remarqué que c’était lui, concentrée sur le sol et sa respiration difficile.

Spoiler:

Stop & Smile

« Un sourire, un regard, des mots, balancés dans l'air qui claquent froidement contre les murs. Une attitude, un masque, un faux semblant. Rien n'a d'importance lorsque nous le décidons. »

fiche par century sex.

Je ne savais peut-être pas qui était réellement Lily-Rose mais je savais qu'elle n'allait pas arrêter là, ou qu'elle me répliquerait du moins. Elle voulait avoir le dernier mot, et elle l'avait la plupart du temps avec tout le monde. Mais j'étais dans ce même état d'esprit ce qui rendait le débat venimeux et toujours plus insupportable. J'avais cru la connaître, il y a bien longtemps maintenant. J'avais essayé d'en savoir plus sur elle, mais au fond, maintenant que j'y réfléchissais, je ne savais pas grand chose. Pour ne pas dire rien sur elle, sur ces choses qui font d'une personne ce qu'elle est et pourquoi. Je l'avais voulu à l'époque, à présent tout ce que je voulais était contraire à ce que je ressentais auparavant vis à vis d'elle. J'avais toujours envie de la voir, de passer du temps avec elle alors que nous nous disputions presque constamment. Désormais je voulais l'éviter, et j'aurais préféré de ne pas la croiser, surtout ici, alors qu'aucun de nous deux ne pouvaient partir. La file était de plus en plus mince et j'arborais de nouveau l'attitude que j'avais avant de croiser le regard de la belle brune. Mais je sentais encore sa présence derrière moi et bientôt j'entendis sa réplique tant attendu. Décidément, aucun de nous ne pouvait laisser le dernier mot à l'autre. Ça me faisait presque sourire. Mais, tout est dans le presque...

« Oh toi, tu vas vite fermer ta gueule. Je te signale que c’est toi qui es venu chercher les emmerdes, alors écrase et avance. »

D'un côté elle n'avait pas tord, j'aurais très bien pu me contenter de rester à ma place et ne rien dire. Ou bien j'aurais pu lui adresser l'éternel "bonjour" poli qui, franchement, aurait sûrement été mal placé vu notre situation. Mais non. J'avais senti ce besoin de lui adresser la parole, et pourtant je savais bien que mes propos n'allaient pas être de toute gentillesse à son égard. Nous avions tout de même partagé une chose, certes banales pour elle et moi, mais j'avais finit par m'attacher, bien que je ne lui ai jamais dis, et ne lui dirais sûrement jamais. C'était une chose que je gardais pour moi, bien enfouie pour me convaincre qu'elle n'existait pas. Mais elle existait et sa présence, bien que fantomatique, était bel et bien revenu lorsque je l'avais vu il y a quelques minutes. J'avais souffert. Je me le cachais mais c'était bel et bien le mot pour décrire ce qu'il s'était produit. Je soupira doucement et allait répliquer en me retournant, mais je n'eus pas le temps. Une fois de nouveau face à elle, quelque chose m'agrippa le t-shirt, et cette chose n'était autre que la main de Lily. Je fus surpris et baissa les yeux pour la voir penchée en avant, fixant le sol. J'entendais sa respiration qui semblait difficile. Je fronça les sourcils, ayant néanmoins les yeux plus ouverts que la normal.

« Tu vas arrêter ton cinéma ? Puis lâche moi d'aill... »

Je ne termina pas ma phrase en remarquant son état. Elle ne semblait même pas prendre en compte ce que je pouvais dire, elle était concentrée sur sa respiration qui devenait de plus en plus difficile. Je lança un regard circulaire, légèrement paniqué. Des regards étaient tournés vers elle, mais personne ne semblait venir l'aider, et ça m'agaçait sérieusement. Ce n'était pas un spectacle non plus. Et si elle était mourante ils auraient fait de même ? Je soupira agacé mais me pencha néanmoins vers elle et attrapa doucement ses bras pour la faire vraiment asseoir au sol. Je ne savais même plus où j'avais pu voir ça mais il me semblait qu'être assise ou allongée permettait une meilleure circulation sanguine, ce qui aidait dans ce genre de problème. Les mains tenant toujours les bras de Lily je me tourna néanmoins vers le début de la file et aperçu quelqu'un qui était responsable au secrétariat. Elle ne semblait même pas avoir remarqué quelque chose. Je détourna les yeux et lança un regard noir à la personne derrière Lily qui n'avait pas bougé d'un poil.

« Mais oui vous avez raison, restez donc à contempler le spectacle au lieu de l'aider imbécile. »

La personne sembla légèrement sursauter au ton que je venais d'employer mais acquiesça et me répondit qu'il allait chercher de l'aide. Ce n'était pas trop tôt. Je ne le regarda pas partir, entendant uniquement ses bruits de pas claquant contre le sol, semblant pressé. Il avait intérêt après tout. Je ne savais même pas si c'était normal ou s'il fallait s'inquiéter de son état. Je ne connaissais rien sur le sujet, alors il aurait été difficile pour moi de pouvoir le savoir. Je m'accroupi à côté d'elle, l'aidant du mieux que je pouvais à garder une position plus ou moins confortable. C'était comme si la voir aller mal m'avait complètement fait oublier que je lui en voulais.

« Tu veux que je t'emmène à l'hôpital ou bien chez toi ? »

Mon ton n'avait rien à voir avec celui que j'avais pu employer il y a quelques secondes. Elle était toujours prostrée au sol et tenait son ventre en respirant difficilement, elle essayait de souffler du mieux que possible pour faire passer cela mais elle ne semblait pas réellement y réussir. Je pencha mon visage pour poser mes yeux sur le sien, ce qui la fit en faire de même. J'entendis des pas dans mon dos ainsi qu'une voix aiguë et féminine qui m'était assez désagréable. Cela semblait être celle du secrétariat qui venait voir ce qu'il se passait. Je leva les yeux au ciel et posa mon regard sur elle.

« Qu'est-ce qu'il se passe ici ? Vous avez besoin de quelque chose mademoiselle ?
- Non vous croyez ? Ca ne se voit pourtant pas. Puis tant qu'à faire prenez ça. »

J'attrapa le papier des mains de Lily et le tendit à la secrétaire qui me regarda interloqué. Elle jeta un oeil à la feuille en fronçant les sourcils. Tant qu'à faire, autant que ce soit fait et qu'elle soit pour quelque chose. Surtout qu'elle semblait plus lente qu'un escargot au vue de la file qui avançait toujours difficilement. Je n'étais pas souvent venu au secrétariat, mais j'avais toujours haïs ces moments de perte de temps inutile. J'avais bien autre chose à faire que de rester à attendre durant deux heures que madame veuille bien me recevoir. En tout cas, ce jour-là, je ne m'étais pas attendu à voir Lily, et surtout pas à ce qu'elle est une difficulté respiratoire suite à sa grossesse. La femme garda néanmoins le papier en main et se baissa également vers Lily. Je reposa mes yeux sur elle, et entendit la femme parler à son attention.

« Vous voulez une ambulance, quelque chose ? »

Une ambulance ? C'était peut-être un peu trop pour un problème de respiration, puis je pouvais toujours l'y emmener si elle en avait réellement besoin. Mais j'espérais néanmoins que tout ceci passe rapidement. La main de Lily était toujours crispée sur son ventre rebondi et elle fermait de temps à autre ses yeux alors que sa respiration était tout autant saccadée et difficile. La jeune femme avait l'air d'en souffrir et je ne savais quoi faire. Il fallait que ça arrive aujourd'hui, et à ce moment-là qui plus est... J'étais réellement maudit. Non seulement je la croisais ici, mais en plus de cela je perdais mon attitude en la voyant aller mal. Je soupira discrètement tout en gardant mes mains sur ses bras, la tenant fermement comme pour l'aider à s'y appuyer.

Tu vois, la liberté c’est de pouvoir manger des carottes râpées dans l’emballage. Skinny.lOve

« Tu vas arrêter ton cinéma ? Puis lâche moi d'aill... »

Malheureusement pour Andrew, ce n’était pas du cinéma. Pour la première fois depuis longtemps, elle n’exagérait rien. Entre le stress de revoir Andrew, avoir passé plus d’une heure à attendre, la fatigue, les coups de pied de Bidule et l’énervement, Lily paniquait. Pour rien. Elle n’avait aucune raison valable de paniquer, mais c’était comme ça. Ça arrivait quand personne ne s’y attendait et encore moins la principale concernée, qui ne sait de toute façon pas ce qui lui arrive. Elle ne sait pas ce qu’elle a et se contente simplement de se forcer à respirer. Autour d’elle, on la regarde avec de grands yeux ahuris. Mais qu’est-ce qu’elle a ? Tout le monde doit sans doute penser qu’elle ne fait que pleurer pourtant ça se voit qu’elle n’a pas les joues mouillées. C’est évident qu’elle ne pleure pas mais, le bon sens n’étant pas offert à tout le monde, seul Andrew réagit. C’est d’ailleurs le plus étrange. Pourquoi est-il le seul à réagir alors qu’il devrait être celui qui la laisse s’étouffer par terre ? Malgré tout, il la prend par les épaules et l’aide à s’assoir. Automatiquement, elle s’agrippe à ses poignets pour qu’il ne la lâche pas.

« Mais oui vous avez raison, restez donc à contempler le spectacle au lieu de l'aider imbécile. »

Tout ce qu’il dit, malgré l’impression que ses oreilles sont bouchées par du coton, elle l’entend. Elle voudrait lui dire que ça va aller, qu’elle va bien réussir à respirer mais pour parler, il faudrait déjà qu’elle arrive à remplir ses poumons d’air. Ce serait déjà un bon début. Celui à qui il parlait s’empresser de bouger et s’éloigne dans le couloir. Lentement, elle s’appuie contre le mur mais reste crispée et recroquevillée sur son ventre.

« Tu veux que je t'emmène à l'hôpital ou bien chez toi ? »

Ne voit-il pas qu’elle n’arrive déjà pas à respirer, alors parler ? Malgré tout, Lily tente une réponse qui finit étouffée. Elle a la gorge sèche, tellement qu’elle manque de s’étrangler. Alors, bien qu’elle sache qu’Andrew n’appréciera pas ce genre de réponse, elle secoue la tête. Non à quoi, on ne sait pas ? Non, elle ne veut pas aller à l’hôpital. Elle a peur des hôpitaux – pratique pour accoucher – et ne veut pas non plus rentrer chez elle. Chez elle, il y aura peut-être Tyler et il va s’inquiéter pour rien. Même si elle l’a croisé même pas dix minutes plus tôt, il a peut-être décidé de sécher les cours et de rentrer, qui sait. Alors quand Andrew va la ramener, il va vouloir s’occuper d’elle, et comme toujours, elle ne pourra même pas lui dire non. Pas parce qu’elle sera en train de s’étouffer, ou trop fatiguée pour parler. Lily n’est jamais fatiguée pour parler, de toute façon. Mais plutôt parce qu’on ne résiste pas aux yeux de cocker de Tyler. Quand elle remarque deux genoux tous près de ses jambes, elle relève la tête, croisant les yeux d’Andrew. Il a l’air… inquiet. Honteuse, Lily n’arrive même pas à soutenir son regard et se reconcentre presque instantanément sur le sol.

« Qu'est-ce qu'il se passe ici ? Vous avez besoin de quelque chose mademoiselle ? »
« Non vous croyez ? Ca ne se voit pourtant pas. Puis tant qu'à faire prenez ça. »

Pour une fois, elle bénit intérieurement Andrew d’être là. Il est sa voix – elle n’aurait pas pu mieux lui répondre – et semble être le seul à savoir garder son calme sans avoir l’air perdu. Au moins quelque chose qui la rassure. Avec la force avec laquelle il lui arrache le certificat des mains, c’est à se demander s’il ne le déchire pas au passage. Mais quoi qu’il en soit, grâce à lui, elle n’aura plus à attendre encore un temps infiniment long. Cette fois, c’est la secrétaire qui s’accroupit devant elle.

« Vous voulez une ambulance, quelque chose ? »

Décidément, c’est une mode d’être con, chez eux. Si elle n’arrive pas à répondre depuis tout à l’heure, que croyait-elle ? Que Lily ferait une exception pour elle ? A nouveau, elle attrape le poignet d’Andrew et, comme si la télépathie marchait, pense très fort qu’elle veut juste une infir… Clac, clac, clac. Des bruits de pas résonnent dans le couloir et une autre femme approche. En blouse blanche. L’infirmière. Les miracles existent donc. Elle a un sac en papier dans ses mains, comme si elle avait tout de suite deviné ce que Lily avait. Furieuse de voir tous ces gens attroupés, elle les dégage tous malgré sa petite taille, la secrétaire avec et Andrew, qui est obligé de la lâcher. Juste alors que Lily commence à tomber sur le côté, elle la rattrape tout doucement et lui pose la tête sur ses genoux. Ronchonnant, comme à son habitude, elle ouvre le sac d’une main un peu brusque et le lui pose sur la bouche. Au bout de trois goulées d’air, elle sent un poids s’envoler de sa poitrine et tout devient tout de suite plus clair. Le mur devant elle, les carreaux blancs et bordeaux. Elle se détend petit à petit. L’infirmière patiente jusqu’à l’entendre respirer tout à fait normalement pour retirer le sac. Elle l’aide à s’assoir contre le mur et lui sourit.

« Décidément, Lily-Rose, tu finiras par me tuer. C’était juste une crise de panique, pas grand-chose. C’est la première fois ? »

Lily-Rose hoche lentement la tête en soupirant. Cette pauvre infirmière doit en avoir assez de la voir tous les premiers dimanche du mois à cause de sa maladresse constante et de ses fréquents maux de ventre ou de tête qu’elle n’explique pas, pourtant, elle est toujours gentille même si elle a son petit caractère.

« Bon, ça ne devrait pas se reproduire, j’espère. Mais je t’emmène à l’infirmerie. Aller, lève-toi. »

Elle la prend par les bras et l’aide à se relever. Alors qu’elle allait l’entraîner vers son bureau, Lily s’arrête net et se retourne, cherchant Andrew des yeux. Quand elle le trouve, elle le fixe tout simplement, ne sachant pas si elle doit le remercier et partir ou simplement lui demander de venir parce qu’après tout, il a essayé de l’aider et Lily n’y comprend plus grand-chose à présent. Déglutissant difficilement pour ramener de la salive dans sa gorge, elle marmonne :

« Bon, tu viens ou tu comptes planter ta tente ici jusqu’à ce soir ? »

Chassez le naturel, il revient au galop, hein. Une fois qu’Andrew, qui doit sans doute être un peu déconcerté, les a rattrapées, elle se laisse entraîner vers l’infirmerie, somnolant en marchant. La preuve, quand il faut entrer, elle manque de se manger l’encadrement de la porte. Si elle n’avait pas ouvert les yeux au bon moment, ça aurait été pour elle. L’infirmière l’allonge sur le lit et, machinalement, elle roule sur le côté, glissant ses mains sous sa joue. D’une voix toujours aussi cassante que celle qu’elle a utilisée pour s’adresser au jeune homme, elle ajoute à l’attention de l’infirmière :

« Andrew m’a aidée. C’est lui qui a envoyé quelqu’un vous chercher. »

Réplique tout à fait inutile mais que Lily s’était sentie obligée de prononcer. Comme une sorte de remerciement dissimulé sous un peu trop de fierté. Hésitante, elle laisse son regard dérivé vers lui, les lèvres pincées comme si elle était toujours furieuse contre lui. Quelque part, c’est le cas. Elle lui en veut de l’avoir provoquée sans raison alors qu’elle n’avait rien contre lui, au début. Mais d’un autre côté, elle ne sait pas vraiment s’il lui en veut à ce point de l’avoir quitté. Ou alors il n’en a pas autant « rien à foutre » de son cas, comme il le disait. Alors, un tout petit, un minuscule sourire apparait sur ses lèvres mais elle s’empresse de détourner les yeux.