Athena n’arrive pas à se concentrer sur son cours. Son regard glisse sur la porte, sur l’horloge au mur, sur sa montre, sur sa feuille de note désespérément blanche… Elle n’arrive pas à accorder son attention au prof. Elle a perdu son journal intime, et ça l’angoisse. Ce petit cahier brouillon, remplie de confessions et de pensées, contient toute sa vie. Il contient tout, ses problèmes de drogues passés, le fait qu’elle se soit fait poignarder et est failli mourir… Inconsciemment, cela contient aussi ce qu’elle pense de Jess, son meilleur ami. Athena ne le voit pas en l’écrivant, mais quiconque lisant les mots qu’elle emploie pour parler de Jess peut comprendre qu’elle en est amoureuse. De toute façon, tout le monde le sait sauf elle-même. Un soupir s’échappe de ses lèvres, et elle trépigne presque sur sa chaise. Elle n’en peut plus, elle ne souhaite qu’une chose, la fin du cours, pour pouvoir se remettre à chercher son journal… Elle doit le retrouver, impérativement.

La sonnerie retentit enfin, et Athena bondit littéralement de sa chaise. Fourrant ses cahiers dans son sac, elle s’expulse dans le couloir et se met à marcher d’un pas précipité. Quelques élèves viennent lui parler, et elle rigole avec eux, plaisante et fais l’idiote, ne montrant pas l’inquiétude qui lui ronge le cœur. C’est peut-être bête de s’en faire autant pour un simple journal, mais s’il tombe entre de mauvaises mains, c’est toute l’université qui risque d’être au courant de ses anciens problèmes de drogues, et du fait qu’elle ait failli mourir poignardée… Et ça, Athena ne le veut pas. Avec un sourire sur les lèvres, elle se sépare de ses amies et se dirige vers son casier, mais elle n’a même pas le temps de l’ouvrir qu’une main manucurée tenant son journal surgit devant son nez.

« C’est à toi non ? » Athena reconnaît la voix de cette exaspérante Madeline. Le genre de fille snob et hautaine qu’elle ne supporte pas. D’un geste sec, elle reprend son journal qu’elle fourre dans son casier, qu’elle vient d’ouvrir. Son regard se pose ensuite sur la grande brune à ses côtés et l’espace d’une seconde, ses yeux s’écarquillent. Elle a compris. Son sourire disparaît, son visage se ferme et son regard devient dur.

- Tu l’as lu.

Ce n’est pas une question. Athena le sait, elle le devine. Son sang ne fait qu’un tour, et elle sent la colère monter en elle, mais elle fait un effort pour ne pas s’énerver. Pas encore. Elle attend que Madeline s’explique et s’excuse… Même si elle est persuadée que miss « je suis mieux que tout le monde » ne demandera pas pardon pour s’être ainsi immiscée dans sa vie. Néanmoins, Athena préfère lui accorder le bénéfice du doute avant de la pourrir et de lui hurler dessus.