andrea&tyler&lily

« Tiens, j’y pense, tu devrais repasser à la salle. Après ta grossesse, ça te ferait du bien de t’entraîner un peu, non ? »
« Ahahah. Très drôle, big bro’. Sérieux, tu crois que j’ai le temps de passer ? Tu crois que j’ai le temps de m’occuper de moi ? Siofra pleure beaucoup, surtout quand papa est pas là, évidemment, parce qu’elle aime bien emmerder mama. Alors non, j’ai pas le temps. En plus, j’te connais, tu vas encore essayer de me caser avec un de tes clients juste pour me faire chier. »
« Je te taquine, mon amouuur ! »

Lily-Rose lève les yeux au ciel avec un sourire narquois au coin des lèvres. Le téléphone coincé entre l’oreille et l’épaule, elle fouille frénétiquement dans un tiroir de la commode. Impossible de retrouver cette foutue chaussette. Décidément, tout disparaît en ce moment. Un jour, c’est sa fille qui va disparaître et là, il faudra penser à appeler une ambulance pour Tyler. Elle sera grande, voudra son indépendance « Et si vous m’en empêcher, je me taille les veines ! », mais bien sûr ma puce, file dans ta chambre. Et tu nous détestes, que de gentillesse. Mais pour l’instant, c’est cette chaussette. Ras le bol de se trimballer avec une chaussette rose et une jaune. Alors, énervée à la fois contre son frère qui s’en donne à cœur joie pour la vanner et contre la chaussette qui ne veut décidément pas apparaître dans sa main comme par magie, elle attrape les vêtements un par un dans le tiroir et les laisse tomber par terre, en attendant. Oh, le boxer qu’elle cherchait l’autre jour, il s’était caché, le petit coquin. Une chemise de Tyler ? Sans doute une qu’elle avait pris pour l’odeur – jus de chaussette macéré, sexy. Un sachet de lessive. Après, c’est elle la plus désordonnée qui ne range pas le lait dans le bon compartiment ? Des piles, fantastique… Euh. Un sachet de lessive ? Intriguée, Lily fait presque marche arrière et se penche pour ramasser le sachet transparent qu’elle a jeté quelques instants plus tôt. Dans le téléphone, Nolan déblatère. Encore.

« No’, j’te rappelle tout à l’heure, okay ? Bye. »

Refermant le téléphone sans même faire attention à Nolan qui l’appelle à l’autre bout du fil, elle le jette sur le lit, plus obnubilée par ce qu’elle tient entre ses doigts. Qui s’emmerderait à mettre de la lessive en poudre dans un sachet ? Il n’y en a même pas assez pour un lavage. Enfin, il faudrait voir la réalité en face, ce n’est ni de la lessive ni du lait en poudre et encore moins de la farine. Pas dans un si petit sachet, voyons ! Laissant tout le foutoir qu’elle a mis dans leur chambre – leur chambre, si elle n’était pas aussi tracassée, elle se serait mise à sourire comme une idiote – en plan, elle sort de la chambre comme une tornade. Intérieurement, elle ne veut pas y croire. Elle l’aurait vu, quand même. Parfois, elle se dit qu’elle connait Tyler mieux que quiconque alors elle l’aurait remarqué. Et puis il ne peut pas leur faire ça. Pas à elle et Siofra. En passant devant la chambre de la petite, malgré la colère et l’inquiétude qui montent en elle, elle ne peut s’empêcher de s’y arrêter un instant. Elle dort à poings fermés. Comme elle le disait à Nolan, tant que papa est à la maison, c’est le calme plat. Mais alors quand mama est toute seule ou qu’ils dorment, non, il y a toujours quelque chose. Une fois satisfaite de ce qu’elle voit, elle referme tout doucement la porte, direction le salon.

Il est là, assis sur le canapé devant un programme télé qu’elle regarde avec lui d’ordinaire. Mais sa chaussette l’a détournée de ses occupations habituelles – surtout que Tyler s’est fait renvoyé pour la semaine – et grand dieu, elle aurait préféré que ça ne soit pas le cas. Elle voit sa tignasse ébouriffée dépasser du dossier et aimerait bien se jeter sur lui mais ce n’est peut-être pas la meilleure solution. A la place, elle approche silencieusement, même s’il aura sans doute vu son reflet dans le poste de télévision, et lui jette le sachet sur les genoux avant de faire le tour du canapé. Là, elle se plante devant lui, le dévisageant en croisant les bras sur sa poitrine – histoire de donner un air menaçant à sa carrure de moineau. Un peu à court de mots, Lily agite sèchement les bras.

« Dis-moi que c’est de la lessive, de la farine ou du lait en poudre et je t’étrangle. »

You exhaust me

feat. Andréa E. Donovan & Lily-Rose D. Hemingway

▬ Qu'est ce que c'est que.. cette merde ?!

Que le sac à dos abandonné d'Andréa traîne par terre, au milieu de la salle de bain, ça n'avait rien d'étonnant mais qu'un petit sachet rempli de poudre en ressorte alors qu'on était dans MON appartement, là, c'était le crime du siècle. Je retournai le sac pour vérifier qu'aucune autre surprise du genre ne s'y sache, comme des champignons hallucinogènes ou que sais-je encore. Apparemment non. Andréa avait dû laisser ce paquet-là par omission. Mais tout de même !

Je filai dans ma chambre et j'y planquai, dans une armoire, le sac et, dans le tiroir de la commode, entre deux boxers, le petit sachet en me promettant de le foutre dans la poubelle dès que Lily serait partie. En attendant, je m’exilai sur le palier pour appeler Andréa avec mon téléphone portable sans que Lily ne m'entende. Comme par hasard, il ne répondit pas ! Le salaud ! Je lui laissai malgré tout un petit message, histoire de me sentir mieux vis à vis de cette découverte.

▬ Bordel, Andréa, je viens de trouver un truc qui m'a vraiment VRAIMENT pas plu dans tes affaires et si tu te ramènes encore une seule fois avec une saloperie du genre chez moi, je t'égorge, compris ? Tu m'as suffisamment foutu dans la merde !

Le lendemain, dans l'après-midi.

Je venais de me faire abandonner par Lily devant la télévision. Elle cherchait.. quoi déjà ? Ah ouai, une chaussette. Je me faisais abandonné pour une vulgaire chaussette. Je soupirai en m'étendant un peu dans le sofa, zappant pour changer de programme, baillant de temps à autre. Décidément, elle en mettait du temps.

▬ Lily, tout va bien ? T'es pas morte asphyxiée par l'odeur d'une de tes chaussettes, rassure-moi ?

Je ne savais pas si ma remarque l'avait fait suffisamment enrager pour qu'elle vienne m'étrangler mais un instant plus tard, elle était de retour dans le salon. Sauf qu'elle ne semblait pas vouloir rigoler. Elle jeta le petit sachet de poudre sur mes genoux et se planta devant moi, l'air sévère. Merde, je l'avais complètement oublié celui-là... Quel con !

▬Dis-moi que c’est de la lessive, de la farine ou du lait en poudre et je t’étrangle.
▬ Et si je te dis que c'est du sucre impalpable pour les gâteaux, mes chances de survie remontent à combien..?

Je tentai de sourire pour « détendre l'atmosphère » mais ça ne semblait pas avoir grand effet. Je me raclai la gorge et déglutit bruyamment avant d'éteindre la télévision pour pouvoir discuter plus.. calmement. Enfin, tout est relatif.

▬ Si tu n'avais pas fouillé dans mes affaires, ça nous aurait épargné une dispute puisque ce truc ne m'appartient pas, Lily.

Je me levai en jetant le petit sachet maudit sur la table basse du salon. Je posai mes poings sur mes hanches en fixant Lily très sérieusement, bien que je ne fus pas très fier. En plus, elle était presque aussi grande que moi alors je me sentais encore plus ridiculement petit.

▬ J'ai arrêté la drogue il y a un moment déjà alors réfléchis. J'ai une tête à sniffer ça ? À me l'injecter ? Je me balade constamment en boxer ici, tu l'aurais remarqué non ? Donc on ne va pas s'étendre sur le sujet et je vais aller jeter ça.

Je pris le sachet dans ma main et je me dirigeai vers la cuisine pour le taper dans la petite poubelle. C'est vrai que ça faisait un moment que j'avais plus touché à ces saloperies et je n'aurais jamais voulu mettre la vie de Siofra en danger. Bizarrement, que Lily ait envisagé cette possibilité me blessait même si je ne pouvais que comprendre. Je n'avais jamais eu la gueule du bon père de famille.

La voix suave et mélodieuse de Tyler résonne à travers tout l'appartement par l'intermédiaire du combiné téléphonique. Si on ne sait pas qu'il est énervé, on ne le saura jamais. Il se sent toujours obligé de gueuler pour un oui ou un non surtout quand ça concerne la larve rose qui lui sert de fille. Et en ce qui concerne Lily... Elle n'est pas une mauvaise personne et elle est même bénéfique à Tyler mais qu'est ce qu'elle l'a rendu chiant et ennuyeux à mourir. Une vraie pédale. Un vieillard de soixante balais avant l'heure.

Cependant, la meuf du dit vieillard est plus jeune et aura certainement plus de pêche pour mettre un coup de boule à Andréa si elle découvre qu'il est le possesseur officiel des sachets surprise. Pour ne pas prendre ce risque, à peine Andréa a t-il éteint son portable qu'il fonce jusqu'à la rue et saute dans sa Porsche. Une dizaine de minute plus tard, il se gare devant l'immeuble délabré (okey, il y a deux fissures et un centimètre carré de mur effrité mais Andréa est vite dépaysé) où vivent Tyler et Lily. Andréa a bien essayé de les faire déménager mais ils lui sortent toujours la même excuse selon laquelle l'argent tombe pas du ciel. Si seulement ils savaient comment Andréa a grandi.

Sur le palier, Andréa colle son oreille contre la porte mais il n'entend que le vague murmure de voix au loin. Il prie pour que Tyler aie planqué ses "affaires personnelles" avant que Lily s'en charge et il sonne. Personne ne vient lui ouvrir. « C'est impoli comme des clochards et ça prétend élever un gosse ! » râle Andréa en tambourinant sur la porte et ignorant ce qui l'attend derrière.

« Et si je te dis que c'est du sucre impalpable pour les gâteaux, mes chances de survie remontent à combien..? »

Son sourire, si elle le pouvait, elle le lui arracherait de la bouche. Maintenant, reste à savoir s’il fait exprès de la chercher ou s’il dit ça innocemment en pensant que Lily va vraiment le croire. Du sucre impalpable… Vraiment ? Là, son espérance de vie tourne autour des trente secondes. Juste le temps qu’elle réfléchisse à la méthode qu’elle pourrait utiliser pour le tuer. Peut-être lui ouvrir les veines, puis le pendre par les pieds comme un cochon, la tête plongée dans l’eau de la baignoire, et le toaster sur le bord de celle-ci, prêt à tomber dans l’eau à ses premières convulsions par asphyxie. Bon, le seul problème, c’est que leur malheureux toaster a rendu l’âme quelques jours plus tôt. Alors peut-être qu’elle pourrait l’assoir sur une chaise et lui balancer une décharge dans tout le corps avec… par exemple… les câbles de la télévision. Bonne idée. Au moins, ça fera taire le présentateur qui gémit comme un veau. Heureusement, Tyler a la lumineuse idée de l’éteindre.

« Si tu n'avais pas fouillé dans mes affaires, ça nous aurait épargné une dispute puisque ce truc ne m'appartient pas, Lily. »
« T’as conscience que c’était dans mon tiroir, là ? Sauf si tu t’es mis à mettre mes soutifs. »

Remarque complètement stupide. A vrai dire, peu importait qu’elle l’ait trouvé dans ses affaires ou celles de Tyler. L’important, c’est qu’elle l’a bel et bien trouvé chez eux. Et quoiqu’il dise, pour elle, ce qu’elle a fait ne s’appelle pas fouiller, juste partir à la recherche de sa chaussette disparue. A un moment, elle s’est sentie comme Indiana Jones. Piètre découverte qui l’a tout de suite fait redescendre sur Terre. Tyler se lève. Il a beau affiché un air sévère, les poings sur les hanches, Lily-Rose le fixe sans ciller. Il ne manquerait plus qu’elle s’écrase alors que, pour une fois, elle n’est pas en tort. Pour autant, elle a un peu de mal à se convaincre que le sachet appartient vraiment à Tyler. Elle a agi dans l’instant, tout à l’heure, sans réfléchir. Pour elle, il ne pouvait appartenir qu’à lui puisqu’il se trouvait dans une commode de leur chambre. Elle ne s’est jamais droguée et il y a peu de chance pour qu’il soit à Siofra. Cela dit, à présent, même si elle ne sait pas d’où peut bien sortir cette saloperie, elle doute fort qu’elle soit à lui. Sérieusement, ça se verrait à son visage, son comportement. Ce serait évident, mais si elle n’avait pas trouvé ce sachet, rien de tout cela ne lui serait venu à l’esprit. Cependant, elle n’a pas souvenance d’avoir elle-même mis ce genre de choses dans leur tiroir. A moins que ce soit Le Chat… Peu probable. Totalement idiot, comme idée. Le Chat l’aurait déjà avalée, cette poudre.

« J'ai arrêté la drogue il y a un moment déjà alors réfléchis. J'ai une tête à sniffer ça ? À me l'injecter ? Je me balade constamment en boxer ici, tu l'aurais remarqué non ? Donc on ne va pas s'étendre sur le sujet et je vais aller jeter ça. »

Evidemment qu’il a raison. Elle a eu tort sur toute la ligne de l’accuser aussi rapidement mais sans doute aurait-il fait pareil si les rôles étaient échangés. Penaude, Lily baisse les yeux, le laissant quitter le salon avec le sachet. Quand il a disparu, elle recommence avec sa sale manie de se ronger les doigts mais c’est Le Chat qui vient l’interrompre en se hissant sur ses pattes arrière et en s’appuyant consciencieusement sur la jambe de la jeune femme. D’un mouvement du pied, elle arrive à le virer plus loin et rejoint Tyler dans la cuisine alors qu’il jette le sachet à la poubelle. Perplexe. Il ne l’a pas jeté dans les toilettes alors qu’il aurait peut-être mieux fait et il n’a pas eu l’air surpris quand elle le lui a mis sous le nez. Au contraire, il a tout de suite cherché à le faire disparaître de sa vue. Au plus elle s’approche, au plus elle tente de se convaincre que ça doit être un de ses « amis » qui a ramené ça ici il y a bien longtemps et que si elle ne l’a jamais vu c’est tout simplement parce qu’elle n’y a jamais fait attention. Finalement, elle se plante devant lui avec une moue navrée.

« J’suis désolée… J’ai juste eu peur, c’est tout, pour Siofra et pour toi… Désolée de t’avoir tout de suite accusé, comme ça. »

Depuis quand Lily est-elle aussi docile et gentille ? Parfois, elle se le demande elle-même mais ça lui passe vite car le naturel revient au galop. Comme quand elle attrape son visage et l’embrasse langoureusement. Par exemple. Ou quand, autre exemple, elle se colle un instant contre lui avant de le prendre par la main et de l’entraîner à reculons vers la sortie avec son éternel sourire malicieux. Ou quand… La sonnette de la porte retentit ? Un peu surprise ? Lily se détache légèrement de Tyler, à son plus grand regret. Puis finalement, elle hausse les épaules.

« On a qu’à faire comme si on était pas là ! »
« C'est impoli comme des clochards et ça prétend élever un gosse ! »

Malheureusement pour le pauvre homme qui tambourine à la porte, Lily reconnait sa voix, n’apprécie pas ces remarques et la petite se met à pleurer. Tout ça en moins de trois secondes. Il a fait fort, le petit Andréa. Alors qu’elle avait de nouveau les lèvres posées sur celles de Tyler, elle se détache et le lâche en se détournant.

« Je vais le déglinguer. »

C’est arrivée à la porte de la cuisine que Lily, qui marche à grands pas pour aller lui ouvrir et le congédier direct, dérape sur le parquet et s’étale sur les fesses sans la moindre délicatesse. Sa chute et la douleur causée par celle-ci la rendent encore plus furieuse contre celui qui ne cesse de frapper. Elle se relève avant que Ty’ ait pu la dépasser si telle avait été son intention, et trottine vers la porte. Elle l’ouvre à la volée et observe d’un œil noir l’homme qui se tient fièrement sur le palier. Andréa Donovan. Le parrain un peu forcé de Siofra. Pas question qu’elle le laisse entrer sans savoir ce qu’il veut, ce sale gosse irrespectueux et tête-à-claque. Respirant longuement pour se forcer à ne pas appliquer sur lui la sentence qu’elle réservait à Tyler, elle se force à arborer un immense sourire presque carnassier.

« T’as intérêt à expliquer ce que tu fous là incessamment sous peu avant qu’il ne me prenne des envies de meurtre. »

Ce n’est pas qu’elle déteste Andréa de manière viscérale mais il l’insupporte. Ce sale môme arrogant et sûr de lui qui ne lui inspire qu’une chose : cacher sa fille très loin de peur qu’il ait une mauvaise influence. Le pire du pire, c’est qu’elle ne le connait pas assez pour en juger. Elle finit par lâcher un soupire découragé et se décale de l’entrée pour le laisser mettre un pied dans la maison, sous la surveillance du Chat qui ferait un très bon chat de garde, et rejoindre Tyler derrière elle.

▬ J’suis désolée… J’ai juste eu peur, c’est tout, pour Siofra et pour toi… Désolée de t’avoir tout de suite accusé, comme ça.

KEUWA ? C'était tout ? Elle a retrouvé un sachet de coke dans le tiroir et lorsque je lui ai dit qu'il ne m'appartenait pas, elle s'est contentée de me croire en présentant ses excuses ? J'avais du mal à y croire, encore plus lorsqu'elle s'approcha de moi pour m'embrasser, comme si le moment s'y prêtait parfaitement. « Mon chéri est peut être cocaïnomane et me ment sans doute, ou du moins me cache quelque chose mais on s'en branle ! Allons faire des galipettes sur un nuage de barbe à papa ! ». Ok, c'était sûrement les hormones. Dans ce moment de faiblesse où ses lèvres se trouvaient contre les miennes, j'avais quand même une petite appréhension au sujet de mes burnes. Allais-je me ramasser un coup de pied surprise mettant en péril le reste de ma descendance ? Même pas. Vu que Lily se montrait de plus en plus câline, je la saisis par les épaules pour pouvoir la regarder dans les yeux. Je fronçais les sourcils, inquiet.

▬ Donc tu vas pas me latter les burnes à coup de spatules, les arracher avec tes dents pour les faire cuire au bain Marie et les donner à Siofra sous forme de bouillie ?

Soudain, quelqu'un se mit à tambouriner sur la porte comme s'il attendait depuis des heures. Je me tournais vers le couloir mais Lily suggéra de nier cette visite jusqu'à... ce que nous reconnûmes la voix d'Andréa vociférer derrière la porte. J'avais maintenant deux raisons de le tuer : 1) il me faisait passer pour un drogué 2) il foutait en l'air mes seuls moments d'intimité avec Lily. D'ailleurs, je crus bien que cette dernière allait lui exploser la tronche. Elle était si énervée qu'elle se planta mémorablement dans le couloir pour atterrir sur ses fesses. Je m'approchais pour la relever mais elle était déjà debout, devant la porte, en train de gueuler sur Andréa.

Je m'éclipsais un instant pour me rendre dans la chambre de Siofra et la sortir de son berceau. Son petit visage rose avait viré au rouge de chagrin et elle baignait dans les larmes. Je la serrais contre mon torse en me balançant de gauche à droite pour qu'elle se calme avant de revenir dans le couloir où attendait toujours Lily et Andréa.

▬ T’as intérêt à expliquer ce que tu fous là incessamment sous peu avant qu’il ne me prenne des envies de meurtre.
▬ Chut, baissez d'un ton.

Je faisais les gros yeux à Lily et Andréa en désignant la Croquette qui s'était assoupie. Vu qu'elle semblait complètement calmée, je passais Siofra à sa mère parce que je n'étais pas certain de pouvoir me retenir de plaquer Andréa contre le mur. D'ailleurs, à peine eus-je les bras libérés que mon poing partit tout seul pour aller s'écraser sur la face de ce morveux.

▬ Désolé mais ça fait du bien. Maintenant, tu vas t'expliquer avec Lily parce qu'elle a trouvé le petit sachet que tu avais malencontreusement oublié chez nous. Je t'ai toujours sorti de la merde mais là, tu vas assumer, vieux !

« T’as intérêt à expliquer ce que tu fous là incessamment sous peu avant qu’il ne me prenne des envies de meurtre. » Andréa esquisse un sourire plus que satisfait à la vue d'une Lily en colère. L'emmerder au plus haut point et faire tanguer sa piètre relation avec Tyler est devenu son activité favorite. Et mieux, il remarque que le rouge-à-lèvre de la fausse blonde asiatique s'est étalé autour de sa bouche et il jubile encore plus. « Toujours aussi aimable, Lily. Serais-tu frustrée par le fait que j'ai interrompu ta partie de jambes en l'air avec Tyler ? » Et Andréa se met à lui rire au nez tellement la situation lui parait drôle : pour une fois que Tyler peut la sauter pour autre chose que la reproduction.

Alors, Tyler fait son grand retour dans le couloir avec sa larve dans les bras. L'image serait presque touchante si Andréa n'avait pas été sans coeur. Il sourit à Ty, s'attendant à ce qu'il l'emmène dans une autre pièce pour lui remettre le sachet mais il n'en fait rien. Tyler tend la larve à sa mère et balance aussitôt une droite dans la figure d'Andréa. Surpris, Andréa n'esquive même pas le coup et sa tête bascule en arrière. Il recule de quelques pas en se tenant la joue rougie de douleur et lance un regard noir à son meilleur ami. Comment ose-t-il ? « Désolé mais ça fait du bien. Maintenant, tu vas t'expliquer avec Lily parce qu'elle a trouvé le petit sachet que tu avais malencontreusement oublié chez nous. Je t'ai toujours sorti de la merde mais là, tu vas assumer, vieux ! »

Andréa est sur le point d'étrangler Tyler lorsqu'il sent quelque chose couler le long de son menton. Il s'essuie d'un revers de main, couvert de sang. Il renifle sans élégance et entre dans l'appartement de Tyler et Lily en les bousculant. « Vous permettez ? J'ai pas envie de pisser le sang sur le palier devant ma filleul. » Andréa n'en n'a pas reçu la permission mais il estime ne pas en avoir besoin pour entrer dans la salle de bain et se rincer le visage. Lorsqu'il revient sur ses pas, Ty' et Lily attendent toujours comme des cons sur le palier. « Vous avez vraiment envie de discuter de ça dehors ? Si vous ramenez vos culs, je tâcherais de m'expliquer et j'accepterais peut être de présenter mes excuses à l'autre là, Lily. »

« Toujours aussi aimable, Lily. Serais-tu frustrée par le fait que j'ai interrompu ta partie de jambes en l'air avec Tyler ? »

Mais il serait pas un peu chiant, ce petit ? Décidément, au plus le temps passe, au plus Lily se demande ce qui a poussé Tyler à se rapprocher de lui. Il doit forcément y avoir quelque chose qui l’ait attiré chez ce garçon plus qu’énervant. A première vue, elle ne voit rien d’attrayant chez lui. A part son joli visage parfaitement lisse pour une claque. Pendant qu’il se fout bien de sa gueule, la jeune femme lève les yeux au ciel. Si elle lui répondait comme elle le fait d’habitude, il serait trop content de pouvoir la rabaisser encore et encore alors elle se tait, même si son poing la démange atrocement. Si elle ne se retenait pas, il ressemblerait à Voldemort, le nez enfoncé dans la boîte crânienne mais de manière moins gracieuse que s’il n’en avait jamais eu. Mais avant qu’elle ait pu faire quoi que ce soit, Tyler ressort de la chambre avec Siofra dans les bras et leur intime de se taire avec un air furieux. A deux doigts de grogner comme un chat en colère, elle prend la petite que Ty lui tend et s’écarte légèrement. Pour elle, il va le faire entrer et peut-être même lui proposer un thé, qui sait ! Le coup de poing est relativement inattendu. Lily hausse un sourcil, dépourvue de toute autre réaction. Pas mal visé. Il aurait peut-être pu faire mieux mais après tout, il a réussi à le faire saigner du nez et ça ne peut que contenter Lily.

« Désolé mais ça fait du bien. Maintenant, tu vas t'expliquer avec Lily parce qu'elle a trouvé le petit sachet que tu avais malencontreusement oublié chez nous. Je t'ai toujours sorti de la merde mais là, tu vas assumer, vieux ! »

Ravie, Lily ricane méchamment. C’est ça, il va s’expliquer et pour une fois, Tyler ne sera pas là pour l’aider. Il n’aura qu’à lui passer la pelle pour s’enfoncer un peu plus… Pardon ? Quel sachet ? Celui qu’il a jeté ? Wait, what ? D’un seul coup, le rire de la jeune femme s’arrête et elle ouvre de grands yeux en se tournant vers Andréa. C’est du foutage de gueule. C’était à lui cette saloperie ? Elle ne devrait pas être surprise, mais qu’il laisse trainer ça chez eux… Si elle n’avait pas eu la petite dans les bras, elle se serait jetée sur lui pour le faire tomber dans les escaliers. Remarque, c’est encore faisable. Elle passe Siofra à Tyler et le pousse aussi vite ? Pas de témoin, il est juste tombé par accident. Mort sur le coup. Oh que c’est dommage. Sortie de sa rêverie par le reniflement plus que chic d’Andréa, elle s’écarte à temps pour ne pas se faire bousculer.

« Vous permettez ? J'ai pas envie de pisser le sang sur le palier devant ma filleul. »

Mais fais comme chez toi, mon p’tit. Va pisser le sang dans la salle de bain, c’est mieux que sur le pallier parce qu’au moins c’est chez nous et on va devoir tout laver. Tenant Siofra contre sa poitrine, Lily passe une main sur ses yeux pour les frotter vigoureusement. C’est peut-être un mauvais rêve et elle va se réveiller dans peu de temps. Puis, elle se penche vers Tyler et marmonne.

« Si je le tue, tu témoignes contre moi ? »

Lily soupire et finit par se retourner pour fermer lentement la porte du bout du pied, ses mains trop occupées à tenir Siofra. Du bout des doigts, elle caresse machinalement le tout petit visage de sa fille. Mais intérieurement, elle fulmine. Comment est-ce qu’il a pu oser laisser sa saloperie chez eux alors qu’il sait très bien qu’ils ont un enfant en bas âge, sa filleule accessoirement ? Et le voilà qui revient, comme une fleur, et leur demande, en gros de venir dans le salon pour qu’il s’excuse peut-être. Poliment, ça donnait à peu près ça. Hésitant un peu au début, Lily le rejoint et se plante devant lui.

« Détruis ta santé. Fous ta vie en l’air. Meurs d’une overdose chez une inconnue. Je m’en fous. Mais ne mets pas en danger la vie des autres et ne fous pas dans la merde un type assez gentil pour aider un connard comme toi. Et ne t’en prends pas à nous, Andréa. »

Enfin, Lily baisse les yeux et se tourne vers Tyler dans l’intention de lui dire quelque chose. Peut-être de foutre son ami à la porte, de lui rendre sa poudre ou quelque chose comme ça mais finalement, elle se rétracte et va recoucher la petite. Pour une fois, elle ne se remet pas à pleurer quand elle la repose dans son berceau mais la regarde avec de grands yeux. Alors, elle s’accorde quelques minutes à l’observer, à lui sourire et jouer avec sa petite main tendue. Depuis quand est-elle devenue comme ça ? Siofra l’a beaucoup adoucie. Puis, elle finit par rallumer le petit manège qui tourne au-dessus du berceau et, une fois qu’elle s’est assurée que Siofra ne remarquera pas son absence, elle rejoint les hommes dans le salon, fermant bien la porte de la chambre. Dans le salon, elle revient se poster près de Tyler, passant doucement une main sur son bras.

« Tu lui as rendu ? »